Justice

Anish Kapoor gagne l'exclusivité de l'ultra-noir, un monopole qui irrite

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 7 mars 2016 - 365 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

LONDRES (ROYAUME-UNI) [03.03.16] - Un artiste peut-il "acheter une couleur"? Le sculpteur britannique Anish Kapoor s'est en tout cas vu accorder le droit exclusif d'utiliser le "Vantablack", noir d'une grande pureté, par la société qui le produit.

Et ce monopole du studio Kapoor sur cette teinte plus noire que noire, du fait de sa capacité à absorber 99,96 % de la lumière, irrite une partie de la communauté artistique au Royaume-Uni.

NanoSystems, qui a développé le produit en 2014, explique sur son site que "Vantablack n'est généralement pas fait pour une utilisation artistique à cause du processus de fabrication". "C'est pourquoi nous avons décidé d'accorder les droits exclusifs du Vantablack S-VIS aux studios Kapoor afin d'en explorer son utilisation artistique", poursuit la société installée dans le sud de l'Angleterre.

Cette exclusivité a fait bondir plusieurs figures du monde artistique britannique, dont le peintre Christian Furr, qui projetait d'utiliser du "Vantablack" pour une série de tableaux. "C'est la première fois que j'entends parler d'un artiste qui possèderait le monopole sur un matériau", a-t-il déclaré au Daily Mail.

Interrogé sur l'émotion suscitée, un porte-parole de Nanosytems a répondu : "C'est un débat qui concerne la communauté artistique, nous on ne veut pas rentrer là-dedans. Nous sommes des scientifiques".

Destiné à l'origine à l'industrie spatiale ou à camoufler des avions de combats furtifs, le "Vantablack", composée d'une multitude de nanotubes de carbone microscopiques, a rapidement intéressé les artistes, dont Anish Kapoor.

"Le matériau est si noir que votre oeil ne peut pratiquement pas le voir. Il a une sorte de qualité irréelle et j'ai toujours été attiré par des matériaux exotiques à cause des réactions qu'ils suscitent en vous", avait déclaré le plasticien dès l'année dernière à la BBC.

Appliquée sur une surface, la matière est si noire qu'elle semble effacer les reliefs et les aspérités, se rapprochant de l'idée d'un trou noir dans l'univers, selon ses concepteurs.

"Tous les grands artistes ont eu une fascination pour le noir pur: Turner, Manet, Goya. Ce noir est comme de la dynamite dans le monde de l'art", a expliqué Christian Furr, avant de marteler: "Nous devrions être en mesure de l'utiliser. Ce n'est pas bien qu'il appartienne à un seul homme".

Légende photo

Anish Kapoor © Photo Team art in berlin - 2008 - Licence CC BY-SA 2.0

Thématiques

Tous les articles dans Création

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque