Agnès Saal plaide coupable devant la justice pour ses frais de taxi indus

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 30 mars 2016 - 631 mots

PARIS [29.03.16] - Elle avait fini par symboliser les abus de certains hauts fonctionnaires: l'ancienne patronne de l'INA, Agnès Saal, a accepté de plaider coupable pour tirer un trait judiciaire sur l'affaire de ses notes de taxis indues.

Deux audiences pour confirmer les peines sont prévues le 11 avril au tribunal de grande instance de Créteil, concernant ses frais de taxis à l'Institut national de l'audiovisuel (INA), et le 15 avril à Paris, pour ses frais quand elle dirigeait le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (CNAC), ont indiqué mardi à l'AFP plusieurs sources judiciaires et proches de l'enquête.

Agnès Saal a accepté de plaider coupable des faits de détournement de fonds publics. La nature des peines n'a pas été précisée.

"Cette procédure n'est pas une surprise dans la mesure où elle a reconnu les faits. Je regrette qu'on ait maintenu deux procédures. Cela fait trois sanctions avec la mesure disciplinaire, sans compter la charge médiatique inouïe qu'elle a subi et qu'elle subit encore", a réagi l'un de ses avocats, Me Eric Morain, auprès de l'AFP.

Début janvier, le président François Hollande l'avait exclue par décret pour deux ans de la fonction publique, dont six mois ferme. Un mois plus tôt, Agnès Saal avait subi une seconde garde à vue dans le cadre des enquêtes. Un autre symbole de sa chute, elle qui avait enchaîné les postes au Centre national du Cinéma, à la Bibliothèque nationale de France et au Centre Pompidou avant d'atterrir à la tête de l'INA en 2014.

- 'En catimini' -
Ce parcours sans faute avait été stoppé net en avril 2015, quand Le Figaro avait révélé l'affaire. Un "corbeau" avait dénoncé au conseil d'administration de l'institut les dépenses de la dirigeante: 40.000 euros de notes de taxis auprès de la compagnie G7 en moins de dix mois, dont 6.700 euros dépensés par son fils.

Son cas, qui succédait à plusieurs autres affaires de dépenses de responsables publics, avait déclenché une tempête médiatique. Moins de 48 heures plus tard, Agnès Saal démissionnait, à la demande de la ministre de la Culture d'alors Fleur Pellerin.

Après l'annonce d'une plainte par l'association de lutte contre la corruption Anticor, deux enquêtes avaient été ouvertes aux parquets de Créteil et de Paris. Agnès Saal avait aussi laissé une ardoise de 38.000 euros de notes de taxis entre janvier 2013 et avril 2014 lorsqu'elle était directrice générale du Centre Georges-Pompidou.

"L'enquête a démontré que les chiffres qui avaient été initialement annoncés n'étaient pas ceux qu'on lui reproche finalement. Ils ont été divisés par deux environ", a indiqué Eric Morain.

De son côté, l'avocat d'Anticor, Me Jérôme Karsenti regrette un traitement judiciaire "a minima" et "en catimini". "Cette affaire méritait une véritable audience publique sur l'usage de l'argent public que font certains hauts commis de l'Etat", déplore l'avocat.

La comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), ou plaider coupable, est une procédure où la personne poursuivie accepte la peine proposée par le procureur de la République. Cette peine doit ensuite être homologuée par le tribunal lors d'une audience publique qui n'est pas comparable à un procès.

Agnès Saal avait fait un mea culpa partiel dans un entretien au Monde, en janvier.

"J'assume cette faute, je la regrette à un point infini", disait-elle, tout en reprochant à l'INA de n'avoir exercé "aucune procédure de cadrage".

"Je ne voyais pas moi-même le détail de mes courses, je n'y pensais même pas. Quand je montais dans le taxi, je ne regardais pas le compteur car je travaillais (...) J'aurais dû exercer un auto-contrôle", expliquait-elle. Elle ajoutait avoir "eu le réflexe de laisser" à son fils le code de l'abonnement "en cas d'urgence", sans en vérifier l'usage.

Elle regrettait aussi d'avoir servi de symbole de "la détestation de la haute fonction publique et de ses abus".

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