Versailles

Venet, dernier invité d’Aillagon ?

Systématiquement, les artistes contemporains invités à exposer au château de Versailles créent la polémique

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 7 juin 2011 - 537 mots

Alors que l’avenir de Jean-Jacques Aillagon, bientôt atteint par la limite d’âge, à la présidence du château de Versailles est toujours en question, Bernar Venet installe ses sculptures dans le parc. Leur monumentalité se confronte avec brio à la grandeur du domaine de Louis XIV.

VERSAILLES - Après les controverses suscitées par les expositions à Versailles de Jeff Koons en 2008 et Takashi Murakami en 2010, on aurait pensé que celle de Bernar Venet calmerait la vindicative association Versailles mon amour. Celle-ci continue pourtant à se déchaîner contre le « mélange des genres », usant de formules à l’emporte-pièce telles que « vous ne mettez ni une toile cirée sur une commode Louis XV, ni un piercing sur les lèvres de la Joconde ». L’association dénonce aussi le concours lancé pour la mise en valeur de l’escalier Gabriel, gagné cette année par les frères Ronan et Erwan Bouroullec.

Président de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles depuis 2007, Jean-Jacques Aillagon n’est guère démonté par ces attaques. Un an avant son arrivée, une exposition de Christian Lacroix à la chapelle royale, organisée dans le cadre de l’opération « Versailles off », avait déjà suscité de violentes réactions. « Je connais suffisamment la société française et versaillaise pour savoir ce que cela allait susciter. Une partie de l’opinion estime que Versailles est un tabernacle contenant les saintes reliques de la mémoire, et une autre pense que l’art contemporain est illégitime, explique-t-il. J’estime que l’art contemporain ne doit pas être érigé en catégorie spécifique de l’art. Toute œuvre produite en 1905, en 1642 ou au Ve siècle avant J.-C. redevient contemporaine dans le regard qu’on lui porte maintenant. La visite des grands monuments relève plus aujourd’hui d’un rite que d’un acte culturel. La présence d’œuvres contemporaines provoque un renouveau du regard. C’est aussi positif pour la notoriété et la visibilité internationale du domaine. »

Vasconcelos en 2012
De fait, Jean-Jacques Aillagon a d’ores et déjà signé pour une exposition de l’artiste portugaise Joana Vasconcelos au printemps 2012. Rappelons que, si l’établissement dépense 2 millions d’euros environ pour une exposition historique, il ne débourse que 200 000 euros pour les manifestations d’art actuel, le reste provenant du mécénat. La commande passée au peintre Philippe Cognée pour les murs de deux salles du Grand Commun devrait coûter, quant à elle, 110 000 euros.
Qu’adviendra-t-il de cette programmation si Jean-Jacques Aillagon, qui aura 65 ans le 2 octobre prochain, part à la retraite ? « Je ne sais pas si j’aurais un successeur, ni qui il serait. Mais il se rendrait compte que ces événements sont des éléments puissants de l’identité de Versailles », affirme l’intéressé. Alors que son remplacement par Catherine Pégard, conseillère de Nicolas Sarkozy, a été démenti, aucune autre candidature de poids ne se profile pour l’heure à l’horizon. La décision présidentielle devrait en tout cas intervenir en juillet. Jean-Jacques Aillagon pourrait profiter d’une loi taillée sur mesure pour le préfet Christian Lambert, âgé de 65 ans début juin. Adopté par le Parlement le 26 mai, ce texte de loi vise à maintenir, pendant deux ans au-delà de la limite d’âge, des hauts fonctionnaires nommés dans des emplois à la décision du gouvernement. À suivre. 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°349 du 10 juin 2011, avec le titre suivant : Venet, dernier invité d’Aillagon ?

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