Une métaphore de l’expropriation

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 10 mai 2017 - 180 mots

Parmi les œuvres fortes présentées au sein de l’exposition «Â Être là », s’impose celle de Kemang Wa Lehulere.

Sur un immense mur noir figure un dessin à la craie, une composition qui ressemble à un vaste rébus constitué de partitions musicales, de signes, d’écritures brouillées et raturées, de fragments d’architecture. Le tout évoque autant un langage cryptique qu’un vaste territoire traversé par des ambivalences et dont la nature ne se laisse pas facilement appréhender.

De territoire il est question également dans l’installation qui lui fait front, où sur le sol sont rassemblées plusieurs dizaines de chiens en faïence, dont certains sont brisés ; il fait face à des valises emplies de terre surmontée d’une pelouse bien verte. Le tout fait référence au « Natives Land Act », loi qui dès 1913 prohiba pour les Noirs la propriété foncière. L’artiste s’empare là de la violence d’une éradication voulue ainsi que des notions d’origine, d’identité territoriale, de migration, de culture et de déracinement. Il le fait à l’aide d’un vocabulaire et d’une expression subtile et métaphorique ; cela n’en donne que plus d’intensité à sa parole.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°479 du 12 mai 2017, avec le titre suivant : Une métaphore de l’expropriation

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque