Réserves

Une indispensable remise à niveau

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 29 janvier 2008 - 442 mots

Le Rapport Rigaud réfute l’existence de « stocks » d’œuvres d’art inexploités. Et plaide pour une grande campagne de travaux

Peut-on objectivement envisager les réserves des musées comme des cavernes d’Ali Baba en jachère, comme l’ont fait croire successivement le rapport sur l’économie de l’immatériel de Jean-Pierre Jouyet et Maurice Lévy, puis la proposition de loi de Jean-François Mancel (UMP) ? Pour Jacques Rigaud, cette vision n’est que le fruit de la méconnaissance de ses auteurs sur la réalité des musées. Son rapport fera donc plaisir aux professionnels des musées, en rappelant l’importance des réserves, ressource indispensable aux chercheurs. Pour autant, il n’est pas question de donner aux musées un satisfecit total : ces espaces doivent faire l’objet d’une grande campagne de remise à niveau pour assurer la sécurité des œuvres. Un constat similaire à celui d’un précédent rapport, écrit en 2003 par le sénateur Philippe Richert (UMP), qui soulignait alors : « les réserves posent moins la question de leur richesse que de leur état ». « Elles doivent devenir le pivot autour duquel tourne la vie du musée ». Outre un état des lieux alarmiste – seuls quelques musées rénovés après 1995 bénéficieraient de réserves correctes –, le rapport Richert faisait de l’amélioration de la gestion des collections de musées une condition indispensable à l’attractivité des musées. En permettant notamment de renouveler facilement les accrochages et de faire circuler les œuvres dans le cadre d’expositions temporaires ou de dépôts. Plusieurs préconisations étaient également adressées au ministère de la Culture : définition par la Direction des musées de France (DMF) de normes techniques ; établissement d’un document permettant d’évaluer l’état sanitaire des réserves des musées ; prise en compte systématique de l’organisation des réserves dans les projets de rénovation ou de construction de musées faisant l’objet d’un soutien financier de l’État.

Réserves communes
Depuis, les choses ont, semble-t-il, peu évolué. Si une norme française des réserves vient d’être publiée par le Centre de recherche et de restauration des musées de France (décembre 2007), il n’existe toujours pas de document général d’évaluation. Et le projet de grandes réserves communes aux musées nationaux parisiens n’est toujours pas ficelé. De fait, c’est dans les musées territoriaux que des actions ont été entreprises, certes, de manière inégale et au prix d’un long travail de sensibilisation mené par les conservateurs auprès des élus. « Il vaut mieux éviter d’employer le terme de“réserves”, trop connoté, pour convaincre, témoigne une directrice d’établissement dont le projet vient d’être accepté. Nous lui avons préféré l’expression Centre d’études, de recherche et de conservation ». Plusieurs projets exemplaires sont néanmoins d’ores et déjà en cours de réalisation, à Agen, Arles, Dijon ou Castres.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°274 du 1 février 2008, avec le titre suivant : Une indispensable remise à niveau

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