Un Ricard très serré

Ils ne sont que six cette année à être en lice pour remporter le 14e prix Ricard. La commissaire au Wiels de Bruxelles, Elena Filipovic, a respecté à la lettre les critères du prix : avoir moins de 40 ans, être français ou travailler en France, être émergent. Paradoxalement, cette rigueur lui a permis d’avoir les coudées franches pour une sélection très subjective. « Évocateur », l’exposition du prix qui se tient du 12 octobre au 17 novembre à la Fondation Ricard, n’est pas illustrative. Les œuvres, elles, n’ont rien de définitif ; elles laissent donc planer le doute, bousculent souvent, demandent un certain travail de l’esprit de la part du spectateur. Elles sont allusives et à la fois érudites à l’exemple de l’œuvre complexe et passionnante de Mathieu Kleyebe Abonnenc ou des performances déroutantes de Louise Hervé et Chloé Maillet. Ces trois-là sont défendus par la même galerie, la jeune Marcelle Alix, et brassent l’Histoire avec un grand H aux petits récits.

De la cohérence derrière l’absence apparente de thème
Kleyebe Abonnenc, né en Guyane, procède avec finesse à une analyse alternative du postcolonialisme tandis que le duo de filles se lance dans des performances de fiction archéologique un peu folles. Bertille Bak, qui expose au même moment au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, complète cette sélection aux côtés de David Douard, de Katinka Bock et d’Émilie Pitoiset. On relève une majorité de jeunes femmes artistes, est-ce un signe des temps ? Le Duchamp n’affiche qu’une femme pour trois hommes. Elena Filipovic, elle, n’en fait pas une revendication dans une exposition certes sans thème précis, mais avec beaucoup de cohérence entre les artistes.