Le Musée Picasso inaugure un centre d’études qui donne accès aux archives dont il est dépositaire. Le lieu veut catalyser la recherche internationale sur le peintre.
Paris. Envisagé depuis plusieurs décennies, le Centre d’études Picasso a enfin ouvert ses portes, à la fin mars. Au sein du quadrilatère des Archives nationales, à quelques mètres du Musée national Picasso, le centre occupe les écuries de l’hôtel de Rohan ; en rez-de-jardin, 720 mètres carrés y ont été aménagés pour accueillir les archives, la documentation et la bibliothèque du musée. « Un outil fantastique pour les équipes du musée, et pour accueillir les chercheurs et lancer des programmes de recherche », se félicite Cécile Godefroy, cheffe du département recherche et archives du musée.
« C’est un projet qui remonte aux origines du musée. Dès ses prémices il y a l’idée de dédier un centre de recherche au musée, notamment parce qu’en parallèle de la collection l’État a reçu les archives privées de Pablo Picasso », retrace l’historienne de l’art. Actée en 1992, la donation des archives Picasso est traitée par les Archives nationales, qui classent les 200 000 documents accumulés par le peintre (correspondances, écrits poétiques, photographies, revues, catalogues…), qui rejoignent en 2008 des réserves extérieures, lors de la rénovation de l’hôtel Salé.
« Quand j’ai visité ce lieu de stockage, c’était une scène qui m’a fait penser au manoir de Citizen Kane [le film d’Orson Welles], avec toutes les caisses remplies d’archives, de tickets de cirque et de cinéma », se souvient Pascal Convert. Le plasticien a reçu la commande d’une œuvre qui occupe aujourd’hui l’entrée du nouveau centre : une bibliothèque cristallisée, à l’image de celle qu’il a créée pour le château de Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher), composée de volumes détruits par du verre en fusion, formant un négatif fantomatique.
L’œuvre monumentale introduit à la salle de lecture, aménagée par l’architecte Pascal Grasso, qui s’est inspiré du losange que l’on retrouve sur la macle, symbole de la famille de Rohan qui orne l’hôtel particulier, tout comme dans le Paul en Arlequin de Picasso : la forme se retrouve ainsi dans les luminaires conçus pour la bibliothèque.
Dans cette salle comme dans les réserves sécurisées dévolues aux archives, l’ordre règne désormais, loin du spectacle découvert par Pascal Convert dans les réserves externes. Car l’enjeu de ce nouvel équipement est de rendre accessibles les archives Picasso, afin de stimuler la recherche sur et autour de l’artiste, en réunissant la bibliothèque du musée (riche de 13 000 ouvrages), sa documentation et les archives en un même lieu. « Maintenant que ces archives sont plus facilement accessibles, nous sommes persuadés qu’elles vont toucher les Picassiens, mais aussi les historiens, les sociologues et les artistes d’aujourd’hui, qui sont fascinés et questionnés par la notion d’archive », assure Cécile Godefroy.
Le musée souhaite développer en particulier la recherche sur la réception de l’œuvre, en nouant des partenariats avec des pays asiatiques, sud-américains et africains. Des partenariats au long cours et encore en construction, qui visent à faire dialoguer les archives (documentation, archives d’artistes…) de différents pays avec celles du Centre d’études. La cheffe de la recherche du musée cite également l’exposition « Picasso-Asie. Une conversation », actuellement présentée au M+ à Hongkong et qui confronte le peintre espagnol à des artistes asiatiques. D’autres programmes thématiques sont déjà noués avec le Leonard A. Lauder Research Center du Metropolitan Museum of Art (New York), l’Institut historique allemand, ou encore l’Institut national d’histoire de l’art (INHA).
« C’est un “artiste-monde” dont les archives nous font rentrer dans l’histoire du XXe siècle, artistique et plus largement historique. C’est ce qui nous permet de lancer facilement ces programmes de recherche qui vont au-delà de la personnalité de Picasso », explique Cécile Godefroy. Le Centre d’études est accessible sur rendez-vous à « toute personne ayant une recherche motivée », trois demi-journées par semaine, mais aussi sur Internet à travers un portail de recherche sur lequel chacune des 200 000 pièces d’archives est indexée.
Le quadrilatère des Archives achève sa mue
Aménagement urbain. Le chantier du quadrilatère des Archives a permis à Laurent Le Bon (alors président du Musée Picasso) de négocier un espace pour le Centre d’études Picasso. Cette vaste opération de restauration et de réaménagement urbain a été lancée en 2018 par la ministre de la Culture Françoise Nyssen pour installer plusieurs directions du ministère dans le vaste ensemble patrimonial situé au cœur du Marais, site historique des Archives nationales. Près de 57 millions d’euros sont investis dans ce nouveau siège pour accueillir la direction générale des Patrimoines et de l’Architecture et celle de la Création artistique. Le ministère s’organisera désormais autour de trois sites : Bons-Enfants, Valois, et Archives.
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Un « centre d’études Picasso » pour soutenir la recherche
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°653 du 11 avril 2025, avec le titre suivant : Un « centre d’études Picasso » pour soutenir la recherche