Cinéma

Un avenir pour La Pagode

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 8 décembre 2015 - 622 mots

La célèbre salle parisienne a fermé ses portes au public. L’occasion d’engager enfin sa restauration.

PARIS - La Pagode a fermé ses portes le 10 novembre 2015, laissant ses spectateurs très attristés. « C’était le seul cinéma du 7e arrondissement et le plus beau de Paris », résume une habituée venue assister à la dernière séance organisée par l’exploitant du site, qui a été prié de vider les lieux après trois années de bataille judiciaire. Le 30 octobre, la société Cinéma La Pagode a en effet été condamnée par la cour d’appel de Paris à une expulsion, afin que la propriétaire, Élisabeth Dauchy, présidente de la société civile immobilière Foch Dauphine, puisse retrouver la gérance du bâtiment. Pour ce lieu de réceptions très prisé construit en 1896 sous la forme d’un édifice cultuel japonais, devenu cinéma en 1931, cette cessation d’activité est une bénédiction : la Pagode pourrait enfin bénéficier, durant sa fermeture au public, d’une restauration qui n’a que trop attendu. En se promenant dans le petit jardin attenant, l’édifice a fière allure. Mais à y regarder de près, les dégradations sont légion : céramiques fissurées, vitraux altérés et encrassés, peintures écaillées, toitures recouvertes de filets de protection… Tandis qu’à l’intérieur, dans l’impressionnante salle des fêtes aux motifs sino-japonais devenue salle de projection, des tentures murales sont déchirées ou décollées.

Défaut d’accord entre le propriétaire et l’exploitant
En 1997, le monument avait fermé ses portes après un arrêté de péril émanant de la préfecture de police. « Des éléments tombaient du plafond sur le public », explique Benjamin Mouton, architecte en chef des Monuments historiques, qui a suivi le dossier durant plus de quinze ans. Mais seuls des travaux de sécurisation ont été effectués et le lieu a rouvert au public dès 2000, avec, aux manettes, un nouvel exploitant, le Cinéma La Pagode (1). « Il ne s’agissait en aucun cas d’une véritable restauration », confirme Benjamin Mouton. « Depuis lors, seuls des travaux sur la façade latérale donnant sur la rue Monsieur ont été réalisés », explique Jean-Pascal Lanuit, directeur adjoint de la Drac [direction régionale des Affaires culturelles] Île-de-France, chargée de contrôler les interventions touchant l’édifice, le bâtiment étant classé monument historique depuis 1990. « Le propriétaire et l’exploitant n’ont jamais réussi à trouver un accord pour restaurer le bâtiment, qui s’est beaucoup dégradé », déplore-t-il, précisant que l’État se tient aujourd’hui prêt à cofinancer rapidement le chantier.

Si Élisabeth Dauchy a assuré vouloir faire restaurer la Pagode avant que celle-ci ne redevienne un cinéma, la nature des travaux n’a pas été détaillée. « L’ancien gérant n’a pas encore rendu les clefs, ce qu’il est tenu de faire par la justice avant le 30 décembre. Nous ne nous prononcerons pas avant d’avoir réintégré le lieu », explique la porte-parole de la propriétaire, précisant que Benjamin Mouton reprendrait sans doute la maîtrise d’ouvrage du chantier. L’architecte évoque de son côté une restauration à venir fondée sur la reprise des matériaux existants avec « quelques restitutions à l’identique si nécessaire ». Certaines transformations apportées au lieu au cours de son histoire pourraient en outre être revues avec la « mise en place éventuelle d’un système de sièges de cinéma rétractables pour un usage polyvalent de la salle des fêtes ». L’accueil pourrait quant à lui être déplacé vers l’extérieur, tout comme le salon de thé, qui ferait alors l’objet de la construction d’un pavillon à l’angle de la rue Monsieur.

Note

(1) Elisabeth Dauchy a tenu à préciser au Journal des Arts que la société gérante Cinéma La Pagode et elle-même "n'avaient pas de contrat qui les liait directement. En effet, Europalaces Etoile (société de Pathé) gérait les lieux et avait consenti une location-gérance à la société Cinéma La Pagode, exploitant des lieux."

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°447 du 11 décembre 2015, avec le titre suivant : Un avenir pour La Pagode

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