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Manifesto, un acteur de poids dans un marché en devenir

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 14 avril 2020 - 572 mots

Le marché du conseil et de la production artistique, encore peu structuré, se développe rapidement. Manifesto y occupe une place singulière.

Laure Confavreux-Colliex et Hervé Digne, directrice général et président de Manifesto. © Philippe Billard/Manifesto.
Laure Confavreux-Colliex et Hervé Digne, directrice général et président de Manifesto.
© Philippe Billard /Manifesto

ENTREPRISE. « Poush » a une généalogie. De l’automne 2018 à l’été 2019, Manifesto avait ouvert des ateliers d’artistes dans l’ancienne usine de l’orfèvrerie Christofle à Saint-Denis en banlieue parisienne. Les ouvriers partis en 2007, l’ensemble des bâtiments, inscrit à l’inventaire des monuments historiques, est acquis par un promoteur immobilier qui confie une partie des lieux à Manifesto en attendant de requalifier le site. L’entreprise organise alors l’accueil en résidence de près de 70 artistes, parmi lesquels Neïl Beloufa, Lek & Sowat ou David Douard, et y pilote plusieurs événements festifs et culturels.

C’est l’un des métiers de Manifesto, cofondée en 2015 par Hervé Digne et Laure Confavreux-Colliex. Des métiers, parfois nouveaux, souvent à géométrie variable et donc sans dénomination précise. « Nous sommes une plateforme de services culturels et artistiques », résume Hervé Digne, un énarque spécialiste des médias et ancien président du laboratoire d’idées Forum d’Avignon comme de la Collection Lambert. Manifesto est ainsi une agence de conseil pour des opérateurs culturels ou pour toute entreprise publique ou privée désirant monter des projets culturels. Une activité dans laquelle se sont lancés de nombreux professionnels venant de la communication : l’Art en plus, Communic’Art… Parmi ses clients en ce domaine figurent la Cité de la mode et du design à Paris, le champ de bataille de Verdun, le Musée Electropolis à Mulhouse.

Du conseil à la production d’expositions, de manifestations culturelles ou d’œuvres d’art, il n’y a souvent qu’un pas qu’ont franchi de nombreux prestataires tels qu’Arter, Eva Albarran & Co ou, dans un registre plus spécifique, Noirmontartproduction et Quai 36. Ici la palette des fonctions est très large, et le terme de « production » désigne des prestations qui peuvent aller de la gestion administrative des prêts pour une exposition à la fourniture clés en main d’une manifestation en passant par la réalisation même des œuvres d’art. Manifesto a ainsi produit une sculpture monumentale de Claude Lévêque pour le cinéma UGC de Vélizy (Yvelines), et aussi piloté une exposition à Hongkong sur l’école de Nice à partir des collections du Mamac (Musée d’art moderne et d’art contemporain) de Nice.

Manifesto a développé une expertise très pointue dans la recommandation et la mise en œuvre de programmes artistiques dans le cadre de projets immobiliers et/ou urbains, un marché qui se développe à grande vitesse. L’entreprise affiche de belles références : le nouveau quartier des Lumières Pleyel à Saint-Denis, la requalification de l’Hôtel-Dieu à Paris, le réaménagement du parc de la tour Eiffel, le village olympique… « Il ne s’agit pas de planter une sculpture au milieu d’une place, mais de concevoir une œuvre d’art pérenne de dimension architecturale ou un programme culturel qui révèle l’espace urbain, en dialogue avec les architectes, et qui mobilise le territoire et ses habitants », explique Laure Confavreux-Colliex. Cette dernière, ancienne directrice de la filiale française de l’agence de conseil en programmation muséale Lord France, a notamment travaillé sur la Cité du vin à Bordeaux et le projet de refonte de la Monnaie de Paris. Cette expertise dans l’urbanisme culturel permet à Manifesto d’être aujourd’hui mandataire du groupement d’entreprises pour assurer la direction artistique et culturelle du Grand Paris Express.

Manifesto veut maintenant capitaliser sur son expérience acquise dans l’animation provisoire d’un lieu pour gérer des sites plus pérennes, un marché où elle sera concurrencée par le français Culturespace ou le belge Tempora.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°543 du 10 avril 2020, avec le titre suivant : Un acteur de poids dans un marché en devenir

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