Livre

Thessalonique 1997 victime de querelles byzantines

Par John Stathatos · Le Journal des Arts

Le 8 juillet 1998 - 302 mots

Le best-seller de l’été, en Grèce, est une saga du fiasco de l’opération « Thessalonique, capitale européenne de la culture 1997 ». L’ouvrage montre comment le désengagement du gouvernement a laissé la voie libre au clientélisme, à la corruption et à l’incompétence.

ATHÈNES - Détaché en 1995 par le Parlement européen pour assurer les relations publiques du projet “Thes­salonique 1997”, Rudolph Maslias a vite démissionné de ce poste, découragé par des problèmes d’organisation insurmontables. Son livre-pamphlet, La capitale culturelle vue de l’intérieur, dénonce aujourd’hui les dysfonctionnements poli­tiques de l’opération, laissant au procureur de la République le soin d’enquêter sur les malversations financières... “inévitables, étant donné l’ampleur du budget”, comme l’explique l’auteur. Selon Rudolph Maslias, la rivalité entre Thessalonique et Athènes a conduit le gouvernement à ne pas intervenir. La société chargée de l’organisation de l’événement était contrôlée par les partis politiques de la ville : son président était le maire conservateur et son vice-président le leader de l’opposition socialiste. D’après l’auteur, “ce conseil de gestion purement politique s’est farouchement opposé à toute tentative du Parlement d’installer une direction artistique efficace.” Cela explique la valse des responsables artistiques – quatre en tout –, évincés dès qu’ils manifestaient quelque velléité d’indépendance vis-à-vis du conseil. Chaque changement de directeur s’accompagnant d’une épuration au sein de ses conseillers, la ville s’est retrouvée à court de spécialistes à l’approche des festivités, et des décisions artistiques cruciales ont été prises par des personnes incompétentes. Ces renvois arbitraires, le non respect des délais, l’attitude négligente envers les créanciers et l’impéritie du conseil ont fait l’objet d’une lettre de réprimande du ministre grec de la Culture, Evangelos Venizelos, en février 1997. Mais il était déjà trop tard, et ce dernier n’a pu qu’éviter le pire, qu’aurait été par exemple l’annulation de l’exposition la plus ambitieuse, “Les trésors du Mont Athos”.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°64 du 8 juillet 1998, avec le titre suivant : Thessalonique 1997 victime de querelles byzantines

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