École d'art - Design

Inauguration

Saint-Étienne s’affirme dans le design

La ville industrielle accueille sa nouvelle Cité du design, à la fois lieu de rencontres entre professionnels et grand public, et école supérieure

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 13 octobre 2009 - 853 mots

SAINT-ETIENNE

La ville industrielle vient d’inaugurer sa nouvelle Cité du design. Supervisé par l’agence berlinoise LIN, le projet s’articule autour de deux pôles : la Cité, lieu de rencontres entre les designers, les entreprises et le grand public, et l’École supérieure d’art et de design (ESAD) où sont attendus quelque 350 étudiants.

SAINT-ÉTIENNE - « Un projet exemplaire », « Une réussite exceptionnelle », « Une architecture heureuse », etc. Frédéric Mitterrand n’a pas été avare de superlatifs, jeudi 1er octobre, alors qu’il inaugurait la Cité du design de Saint-Étienne (Loire) (1). « J’aime ce terme de cité : il désigne un lieu de vie qui est la ville, un espace citadin mais aussi citoyen », a souligné le ministre de la Culture. Puis, davantage lyrique, il a lâché : « La culture sera sociale ou ne sera pas. » Fermez le ban ! Sur scène, à ses côtés, le gratin des élus PS de la région Rhône-Alpes est aux anges : Michel Destot, maire de Grenoble, Gérard Collomb, maire de Lyon, Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional de Rhône-Alpes, enfin Maurice Vincent, maire de Saint-Étienne depuis le 16 mars 2008. Logée dans l’ancienne manufacture d’armes (devenue GIAT Industries), la Cité du design est une hydre à deux têtes. Elle réunit, d’un côté, une nouvelle institution – la Cité – dont l’une des missions essentielles sera de faire se rencontrer les designers, les entreprises et… le grand public ; de l’autre, l’ancienne école des beaux-arts rebaptisée, pour l’occasion, École supérieure d’art et de design (ESAD), dont les 350 élèves devaient intégrer les lieux le 5 octobre. Coût du chantier : 64 millions d’euros.

Structure sophistiquée
C’est l’agence berlinoise LIN (Finn Geipel et Giulia Andi), vainqueur du concours en 2004, qui a réalisé l’ensemble des travaux, en l’occurrence la réhabilitation de trois bâtiments anciens et la construction d’un édifice tout neuf, auxquels s’ajoute l’érection d’une tour observatoire de 31 mètres de haut permettant une vue d’ensemble du site et de la ville. Les trois bâtiments historiques ont été rénovés avec soin et rigueur. Celui dit « de l’Horloge » (2 795 m2) est dévolu à l’administration et aux résidences d’artistes. Les deux autres accueillent les ateliers techniques (2 230 m2) et les ateliers pédagogiques (3 550 m2). Mais la pièce maîtresse de ce dispositif est à n’en point douter la nouvelle construction en forme de boîte oblongue, placée à l’entrée du site et baptisée « Platine », du nom de cette pièce d’armement, non du tourne-disque… Celle-ci accueille une agora, un auditorium, des salles d’exposition ou de séminaire, une médiathèque et même une serre, en attendant un futur restaurant. Ses dimensions : 193 mètres de long sur 31 mètres de large avec une hauteur sous plafond qui varie de 4,60 à 6,50 mètres. Son originalité : une structure métallique sophistiquée doublée d’une peau novatrice constituée de diverses « écailles » triangulaires (il y en a plus de 14 000 !), ouvrantes ou fixes, transparentes, colorées ou opaques, voire truffées de cellules photovoltaïques. Car le bâtiment se veut aussi exemplaire quant à son concept énergétique – ventilation naturelle, système de plancher à la fois chauffant et rafraîchissant… Son problème : l’édifice est moins « transparent » qu’attendu. Lui qui devait être un élément de fluidité entre la Grand-Rue et l’ancien site de la manufacture fait, au contraire, office d’obstacle visuel, cachant en grande partie la façade du bâtiment de l’Horloge. Un obstacle d’autant plus « arrogant » qu’il est érigé à l’emplacement même d’anciens bâtiments de la manufacture dont la démolition avait, à l’époque, suscité de vives polémiques et, l’an passé, coûté, en partie, son siège au précédent maire, Michel Thiollière (UMP), initiateur du projet.

Deux expositions inaugurales
Consacrée par un édile, Maurice Vincent, qui l’avait en son temps combattue, la Platine accueille aujourd’hui deux expositions inaugurales. L’une, baptisée « L’objet du design » (jusqu’au 28 février 2010) et scénographiée par les designers Antoine Fenoglio et Frédéric Lecourt (Sismo design), est plutôt pédagogique, décryptant à travers une sélection de produits emblématiques divers philosophies et processus de production. L’autre exposition, signée Emmanuel Tibloux, directeur de l’ESAD, est, en revanche, franchement stratégique. Intitulée « Who’s Afraid of Design » (jusqu’au 3 janvier 2010), elle met en avant 21 artistes et 9 designers et les points sur les i : affirmer illico le poids de la section Art de l’école, histoire de ne pas se laisser dévorer tout cru par une cité dédiée au design.
En guise de « cerise » sur la Platine, Frédéric Mitterrand, décidément très en verve, a tenu à livrer un scoop : la mise en ligne, à partir du 1er janvier 2010 et afin que « le design ne reste pas cet obscur objet… », d’une base de données baptisée www.portaildesign.fr et regroupant les quatre principales collections publiques françaises d’arts décoratifs et de design, soit quelque 19 000 objets datant du début du XXe siècle à nos jours. « Le design est l’ambassadeur de la créativité dans notre quotidien », a lancé le ministre. N’en jetez plus !

(1) Cité du design, 3, rue Javelin-Pagnon, 42000 Saint-Étienne, tél. 04 77 49 74 70, www.citedudesign.com

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°311 du 16 octobre 2009, avec le titre suivant : Saint-Étienne s’affirme dans le design

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