Retour au pays

Le Journal des Arts

Le 13 septembre 2002 - 470 mots

Le Musée Michael C. Carlos, à l’Emory University d’Atlanta, devrait prochainement restituer à l’Égypte une momie royale, complètement nue, qui ne serait autre que le corps de Ramsès Ier.

ATLANTA - C’est un peu comme si on avait “découvert à l’étranger le corps de George Washington”, considère Peter Lacovara, conservateur du département de l’Égypte ancienne au Musée Michael C. Carlos, à Atlanta. Depuis qu’il a acquis la momie il y a trois ans, le Musée Michael C. Carlos a toujours eu l’intention de “rendre l’objet à son lieu d’origine, afin de témoigner de la bonne volonté des habitants d’Atlanta”. La momie appartenait à une grande collection d’œuvres d’art et d’objets égyptiens, cédée par le musée canadien de Niagara Falls en 1999.

De l’avis des chercheurs, cette momie, de sexe masculin, est le pharaon manquant, Ramsès Ier, fondateur de la dynastie des Ramessides qui devait donner naissance à Séti Ier et Ramsès II. Elle est arrivée au Musée Carlos complètement nue, un fait assez surprenant qui est peut-être l’œuvre de pilleurs de tombes. Avant d’être rendu à l’Égypte, l’objet sera conservé au Musée Carlos où il sera, de mai à septembre 2003, au centre d’une exposition, intitulée “Ramsès Ier : la science à la recherche du pharaon perdu”. Selon le musée, la momie aurait été achetée pour le compte du Musée de Niagara Falls par un courtier dans les années 1860, à Louxor. Cette période coïncide à peu près avec la découverte des momies de la cachette royale de Deir el-Bahari et la vente partielle qui s’ensuivit. Personne ne soupçonnait alors qu’il s’agissait des tombes sans doute des plus grands pharaons. Dans les années 1980, l’égyptologue allemande Anne Eggebrecht a étudié la momie au Musée de Niagara Falls et émis l’hypothèse qu’elle pourrait être l’une des momies royales manquantes. En effet, la position des bras croisés sur la poitrine était réservée aux momies royales jusqu’à la fin de la basse époque (525-343 av. J.-C. environ). Mais “l’attention réservée au traitement du corps ainsi que d’autres détails de la momification” suggéraient une date plus ancienne, comme l’a confirmé une datation au carbone 14, la situant au Nouvel Empire (1570-1070 av. J.-C.), qui inclut le règne de Ramsès Ier (1293-1291 av. J.-C.). La preuve la plus manifeste est peut-être “la ressemblance physique de la momie avec les traits de Séti Ier, fils de Ramsès Ier”.

Le département de radiologie de l’hôpital universitaire d’Emory s’est chargé des scanners, qui ont révélé des techniques de momification sophistiquées, avec notamment de grandes quantités de résine dans le crâne, pratique généralement réservée aux momies royales. L’identification a pu être établie avec certitude grâce à James Harris – le médecin qui a radiographié toutes les momies royales du Musée du Caire – et à Salima Ikram, professeur à l’université américaine du Caire et éminente spécialiste de la momification.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°154 du 13 septembre 2002, avec le titre suivant : Retour au pays

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