Frac - Politique culturelle

Pourquoi le Frac Normandie devient un établissement public

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 22 avril 2021 - 540 mots

À la fin 2020, les deux Frac de Normandie, à Caen et Rouen, ont été réunis sous la forme d’un établissement public de coopération culturelle.

Frac Normandie Rouen. © Marc Domage
Frac Normandie Rouen.
© Marc Domage

Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime). En 2017, la décision du président de la Région Normandie, Hervé Morin, de fusionner le Frac Normandie Caen et le Frac Normandie Rouen avait fait débat. La création le 20 octobre 2020 du « Frac Normandie » a entériné la dissolution des deux Fonds régionaux d’art contemporain sous leur forme associative et la création du statut d’établissement public de coopération culturelle (EPCC) pour la nouvelle entité. La ville de Sotteville-lès-Rouen en abrite désormais le siège social tandis que l’appel à candidature pour la direction du Frac Normandie a été lancé. Les deux sites néanmoins demeurent, avec leurs 22 employés au total, tandis que le budget, regroupant celui des deux Frac et financé à 60 % par la Région, s’élève en 2021 à 1,5 million d’euros.

Le choix du statut d’EPCC peut surprendre. Sur les 22 Frac que compte désormais le réseau, ils ne sont que trois à avoir ce statut, les autres étant sous un régime associatif. Le Frac Réunion, le plus petit, a été le premier à se transformer, en 2007, bien qu’il affiche une taille en deçà des conditions requises pour y prétendre. Le budget minimal annuel recommandé pour passer en EPCC est en effet de 1 million d’euros. Dans le cas de La Réunion, ce statut a permis à l’État et à la Région de réactiver un lieu en sommeil.

Un statut protecteur

Le passage en EPPC du Frac Bretagne en 2013 puis du Frac Centre-Val de Loire en 2015, s’il relève également de la volonté politique, s’inscrit plutôt dans un contexte de changement d’échelle pour ces structures ; l’initiative est venue de la Région, pour le Frac Centre-Val de Loire comme pour le Frac Normandie. Pour ce dernier, Catherine Morin-Desailly, ancienne présidente du Frac Normandie Rouen et proche d’Hervé Morin, s’est révélée particulièrement offensive sur un dossier que la sénatrice de la Seine-Maritime connaît bien en tant que membre de la commission de la culture du Sénat et instigatrice du passage en EPCC de l’Opéra et du Centre dramatique national à Rouen.

De fait, ce statut marque avant tout la reconnaissance par la Région de l’importance de l’institution, établie comme tête de pont de la politique culturelle. Il la protège aussi à différents niveaux car il relève du droit public. Il lui assure un budget plancher en dessous duquel aucun partenaire ne peut descendre, tandis que le caractère inaliénable de ses collections s’en trouve renforcé. Il induit également une montée en puissance des moyens financiers, humains, et permet l’élargissement du conseil d’administration à d’autres collectivités publiques – Département et/ou agglomérations de communes. Précieux atouts dans une région où le Frac est régulièrement mis en cause par les élus étiquetés Rassemblement national.

Le statut d’EPCC présente néanmoins pour inconvénients d’importantes charges administratives et une gestion plus lourde, pointent Béatrice Binoche, directrice du Frac Réunion, et Abdelkader Damani, directeur du Frac Centre-Val de Loire.

Pour l’heure, le conseil d’administration du Frac Normandie, présidé par Pierre Gaumont, maire de Bayeux, reçoit les candidatures pour son poste de directeur(trice). Le nom de la personne retenue ne sera connu que fin juin, soit après les élections régionales.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°565 du 16 avril 2021, avec le titre suivant : Pourquoi Le Frac Normandie devient un établissement public

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