Photo et vidéo

Une présence toute relative

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 mai 2006 - 485 mots

À”ˆl’inverse des autres médias, vidéo et photographies sont bien discrètes sur les quinze cimaises. Si des raisons techniques
expliquent ce second rôle, faut-il y voir aussi une crise de l’image ?

la sculpture-objet et la peinture sortent plutôt gagnantes de l’exercice de style du Grand Palais, les médiums « techniques » ou « reproductibles » n’ont pas été toujours plébiscités à leur juste mesure et jouent les seconds rôles. Il fut même un temps question d’ostraciser la vidéo dans un espace de présentation indépendant pour des consultations plus intimes, puis le projet fut abandonné.
La vidéo se retrouve ainsi éparpillée au fil des sélections à l’exception notable de la proposition de Paul Ardenne intitulée Interpositions, articulation d’une exposition à une liste d’une dizaine de films vidéo, de Franck Scurti à Pierre Huyghe, de Tania Mouraud à Santiago Sierra. Des valeurs sûres, mais pas toujours des films cultes, notamment pour Huyghe dont on pouvait attendre le fameux remake de Fenêtre sur cour. C’est un film très bref de 1994 très poétique qui lui est préféré ici, Dévoler, montrant l’artiste ajouter subrepticement un ouvrage dans une librairie.

La vidéo : une présence ponctuelle et disséminée
Au fil du parcours, on retrouvera une projection de Thierry Kuntzel, Stephen Dean ou Marylène Negro, et la dernière collaboration de Christelle Heureux et Apichatpong Weerasethakul, Ghost of Asia, vue partout ces six derniers mois. La présence de l’image animée est ainsi ponctuelle, disséminée, traduction de la situation du marché de la vidéo, lui même timide.
Et il est vrai, exposer la vidéo reste un challenge, une difficulté physique nécessitant des dispositifs parfois encombrants ou un isoloir peu attractif.

Un portrait peu réaliste de la photographie
La discrétion de la photographie sur les cimaises est en revanche moins compréhensible.On reconnaît ici ou là les portraits glaçants de clowns en noir et blanc de Valérie Belin, des objets de grève de Jean-Luc Moulène ou un paysage de Jean-Marc Bustamante, le kitsch de Pierre et Gilles ou le goût du documentaire de Bruno Serralongue, l’humour de Joachim Mogarra et Philippe Ramette, mais ils sont bien discrets.
Si la photographie plasticienne est bien représentée, rien ou si peu des autres photographies. Quid d’Antoine d’Agata ou Depardon ? Timide présence de clichés de mode, alors même que la France est dotée d’institutions spécialisées dans ce domaine, de la MEP à Paris au festival d’Arles. La liste des absents serait interminable.
Certes, l’image traverse globalement depuis quelques années une crise de confiance publique et théorique. Le surplus d’images médiatiques, leur brutalité, leur conception assistée par ordinateur a jeté une suspicion sur la valeur de l’image. La question du documentaire et sa probité, la déclinaison à outrance de certains thèmes a certainement aussi un peu émoussé les appétits. Vidéo comme photographie souffrent aujourd’hui de la saturation visuelle ambiante mais dans le cadre de cet exercice panoramique, la déficience est troublante et regrettable car ces pratiques sont loin d’avoir tout dit.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°580 du 1 mai 2006, avec le titre suivant : Photo et vidéo

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