Suisse - Musée

Patrick Gyger : « Plateforme 10 veut se poser comme un ensemble de musées du XXIe siècle »

Directeur général de Plateforme 10 depuis janvier 2021, le nouveau quartier des arts de Lausanne qui sera inauguré dans son ensemble en juin 2022

Par Ingrid Dubach-Lemainque, correspondante en Suisse · L'ŒIL

Le 26 octobre 2021 - 660 mots

Patrick Gyger est un historien suisse né en 1971. Il a dirigé la Maison d’ailleurs, « musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires » à Yverdon-les-Bains (1999-2011) dans le canton de Vaud, avant de prendre la tête du Lieu unique à Nantes (2011-2020).

Comment décrire en quelques mots le projet Plateforme 10 ?

Plateforme 10 veut se poser comme un ensemble de musées du XXIe siècle, s’interrogeant sur le sens de ses missions, son rapport aux publics, son impact sur les changements sociétaux. Les entités qui composent le quartier des arts de Lausanne – le Musée cantonal des beaux-arts (MCBA), le Musée de l’Élysée et le Musée de design et d’arts appliqués contemporains (Mudac) – sont en dialogue constant.

Une programmation commune au site pourra-t-elle se combiner, sans leur nuire, avec les identités spécifiques des trois musées ?

Il ne s’agit pas tant de proposer une programmation commune qu’une programmation concertée, à la fois structurellement, mais aussi thématiquement. Nous travaillons ainsi à ce que les musées ne soient pas tous en montage d’expositions temporaires en même temps, qu’il se passe toujours quelque chose d’excitant dans le quartier. Nous imaginons aussi que des thèmes portés par l’une ou l’autre des institutions influent sur des propositions ailleurs, même de façon très légère. Les identités sont donc non seulement préservées, mais, à mon sens, renforcées.

Quel visage souhaitez-vous donner à la programmation « hors musée » sur le site ?

La programmation « hors musée » n’est pas dissociable de ce qui se passe au niveau des expositions. Nous lançons des propositions dans d’autres domaines culturels, que ce soient le spectacle vivant, la musique, le cinéma, la culture populaire, mais aussi les arts gustatifs. Il y a évidemment la mise en valeur du patrimoine des musées, mais en parallèle, en interaction (et non en superposition), il y a les artistes vivants dont le périmètre de travail, aujourd’hui, ne s’arrête pas à une pratique définie, mais inclut des performances, des propositions éphémères…

Géographiquement parlant, le quartier des arts jouxte la gare, dans le bas de la ville, un quartier en pleine mutation : en quoi Plateforme 10 participe-t-elle à la modernisation urbaine de Lausanne ?

L’une des grandes opportunités de ce nouveau quartier est d’ouvrir au public un vaste espace jusqu’ici réservé puisqu’il s’agissait d’un lieu industriel (servant à la réparation des trains), en plein centre-ville, à côté d’une gare qui entame une mue d’une dizaine d’années. Ces travaux sont une opportunité, car nous aurons bientôt accès à un nouveau bâtiment à transformer, mais nous espérons également être une sorte de « havre de calme » aux côtés d’un vaste chantier…

Comment éviter cependant l’écueil d’un « ghetto culturel » ?

C’est évidemment l’un des enjeux majeurs de ce projet, et je crois qu’il n’y a pas tant de lieux qui parviennent à relever ce défi. Nous tenterons d’y parvenir en veillant à la générosité du lieu, à son accessibilité, à fournir des clés d’entrées multiples pour le public. Sans se dévoyer en renonçant à la qualité artistique des propositions, la convivialité doit être omniprésente. Et c’est quelque chose que ce lieu permet, par le croisement qu’il opère entre des espaces muséaux et la très large esplanade qui les fait se rejoindre et qui permet au public « d’habiter » Plateforme 10.

25 000 m2

C’est la surface du site regroupant trois musées, des fondations d’art privées, des commerces, un restaurant, des cafés et des lieux d’échange.


La "Crocodile"

Mascotte de Plateforme 10, la sculpture de Xavier Veilhan et Olivier Mosset, lourde de 7 tonnes et recouverte d’une peinture verte, s’inspire du modèle de locomotive CE 6/8 III des chemins de fer fédéraux suisses, appelé « Crocodile ».


« Les autorités vaudoises ont su insuffler une dynamique et convaincre des institutions qui parfois n’apprécient guère de devenir voisines. Une gestion subtile et des budgets importants, plus de 180 millions au total, ont permis d’offrir un somptueux écrin aux diverses collections vaudoises. » Nicolas Galley, directeur des études, Executive Master in Art Market Studies (EMAMS), Université de Zurich

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°748 du 1 novembre 2021, avec le titre suivant : Patrick Gyger : « Plateforme 10 veut se poser comme un ensemble de musées du XXIe siècle »

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