Fondation

Nous avons visité la Fondation Vuitton

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 22 septembre 2014 - 701 mots

PARIS

Le 27 octobre, à Paris, ouvre la Fondation Vuitton dont le bâtiment est signé de l’architecte star, Frank Gehry.

Dans le bois de Boulogne, à Paris, face au Jardin d’acclimatation, d’immenses pans de verre transpercent la cime des arbres. Il s’agit d’éléments de façade d’un édifice flambant neuf, la Fondation d’entreprise Louis Vuitton, signé par l’Américain Frank Gehry, 85 ans, Pritzker Prize 1989. Ce nouveau lieu destiné à « soutenir et promouvoir la création artistique contemporaine, française et internationale » se compose de onze galeries d’exposition dédiées non seulement à la collection permanente de la Fondation, mais aussi aux présentations temporaires et aux commandes artistiques. Jean-Paul Claverie, conseiller en charge du mécénat de Bernard Arnault, président du groupe LVMH, fait le guide de ce « nuage de verre » inspiré par le Grand Palais, le Palais d’hiver et le Palmarium qui, au XIXe siècle, ornaient le Jardin d’acclimatation. L’édifice – 110 m de long sur 50 de large – se compose de deux parties : un corps central, fait de plusieurs blocs métalliques recouverts d’une peau de béton et baptisé « Iceberg », et douze panneaux de verre appelés « Voiles », qui habillent l’ensemble. Le tout est « posé » sur un bassin de 200 m de long, vaste miroir d’eau qui descend sous le bâtiment et joue à l’envi avec la lumière. Seul impératif du projet : se plier à la règle d’urbanisme en vigueur dite « du R 1 », en l’occurrence interdiction de dépasser un étage. Comme l’affirme Jean-Paul Claverie : « Frank Gehry a “possédé’’ la règle de manière à ce que le bâtiment prenne un certain envol. » Une visite du lieu montre comment les formes sculpturales et la virtuosité chères à l’architecte américain ont « digéré » cette règle. Le fait, en outre, d’avoir décaissé le terrain a permis d’éclairer, en sous-sol, les espaces naturellement. Surface totale : 11 700 m2, dont 3 850 m2 d’expositions.

Quel coût pour « L’émotion »  ?
Déambuler dans le bâtiment procure un sentiment étrange : celui-ci s’avère à la fois transparent et massif. Une prouesse technologique, paraît-il : « Les ingénieurs ont carrément inventé la technologie pour construire l’architecture de Gehry, explique Jean-Paul Claverie, et de nombreux brevets d’innovation ont été déposés durant le chantier. » Ne pas se contenter d’appréhender le verre de manière classique semble une évidence. Ainsi les techniciens ont-ils développé un façonnage du verre permettant de le courber au millimètre près et de manières différentes. Résultat : les 3 600 panneaux qui composent les douze « voiles » (surface totale : 13 500 m2) sont tous moulés sur mesure, donc uniques. Ceux-ci sont, en outre, sérigraphiés d’une multitude de pixels blancs qui génèrent un double effet : l’enveloppe, transparente de l’intérieur, se révèle quasi opaque vue du dehors. Si, à l’extérieur, le bâtiment est exubérant et lyrique, il se révèle beaucoup plus « calme » à l’intérieur. Les matériaux d’abord : parois blanches, sols en pierre de Bourgogne ou en résine gris clair, gris clair aussi pour la structure métallique. Au rez-de-chaussée se déploient, entre autres, une librairie, un restaurant et un auditorium modulable de 350 places destiné à accueillir des manifestations pluridisciplinaires. Le visiteur y découvrira également la première salle d’exposition, d’une surface de 500 m2, laquelle accueillera, comme présentation inaugurale, une monographie sur… Frank Gehry. À l’étage se succèdent les galeries, dont l’une avec une hauteur sous plafond de 17 m. La toiture, elle, consiste en un jeu complexe de terrasses de toutes dimensions et à diverses altitudes, reliées entre elles par une flopée d’escaliers et de passages offrant des points de vue inédits, d’un côté sur Paris, de l’autre sur les tours du quartier de La Défense. Coût du projet ? Motus… « On parle tout le temps de chiffres dans notre groupe, explique Jean-Paul Claverie. Pour ce projet, la rentabilité n’est pas le but recherché. Il faut laisser parler l’émotion, le rêve. » Ouvert au public le 27 octobre, ce nouveau « vaisseau » de l’art contemporain sera inauguré lors de la Fiac qui, elle, a lieu au Grand Palais. Édifice dont le sommet culmine à 45 m, soit peu ou prou la hauteur
de la Fondation Louis Vuitton.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°672 du 1 octobre 2014, avec le titre suivant : Nous avons visité la Fondation Vuitton

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