Frac

Les Fonds régionaux d’art contemporains

Mouvements de consolidation

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 25 novembre 2009 - 836 mots

Avec un renforcement de leurs équipements et une mutualisation plus visible de leurs actions et collections, les Fonds régionaux d’art contemporains abordent une nouvelle étape de leur développement

S’ils demeurent des entités fragiles, notamment en raison de budgets variables et non sanctuarisés comme ils devraient l’être, les Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC), qui conservent au total près de 22 000 œuvres, n’en ont pas moins amorcé depuis quelques années un très net mouvement de consolidation.

Celui-ci se traduit dans le développement de leurs équipements comme dans la mutualisation de certaines actions qui renforce leur visibilité, nationale et internationale, et les impose comme des acteurs incontournables du paysage artistique français. Pour autant, les plus récents postes de direction, tels ceux de Claire Jacquet en Aquitaine en 2007 et de Florence Derieux en Champagne-Ardenne en 2008, ont été confiés à des profils de commissaires d’exposition, preuve qu’institution reste compatible avec prospection.

Si les directeurs s’accordent pour marteler que les fondamentaux de leurs missions sont restés les mêmes – l’enrichissement des collections, leur diffusion sur un territoire élargi et la médiation auprès du public –, certains estiment que le processus de plus grande professionnalisation des structures est arrivé à son terme. Alexandre Bohn, responsable de l’établissement de Poitou-Charentes, soutient ainsi que « les FRAC sont sortis de leur ère pionnière et héroïque qui a vu naître de grands projets, et se dotent de nouvelles infrastructures qui les confortent dans leurs spécificités historiques, sur lesquelles ils peuvent désormais se concentrer de manière plus professionnelle ».

De nombreux FRAC se dotent en effet d’équipements qui étaient devenus nécessaires, notamment en matière de réserves, afin d’assurer aux œuvres une conservation préventive dans des conditions convenables ainsi qu’une meilleure manutention. Il n’y avait guère, jusqu’à récemment, que le FRAC des Pays de Loire qui pouvait se targuer d’avoir, dès l’an 2000, inauguré son siège de Carquefou (Loire-Atlantique) intégrant toutes les fonctionnalités nécessaires avec monte-charge adéquat et sas de décontamination, mais le mouvement désormais s’accélère.

Avec l’ouverture récente du site rural de Linazay (Vienne), la région Poitou-Charentes possède désormais deux espaces, puisqu’elle conserve son siège à Angoulême (Charente). Au mois de janvier prochain, c’est le FRAC Auvergne – lequel a vu son public passer de 6 000 visiteurs en 1996 à 80 000 en 2008, qui s’installera près de la cathédrale de Clermont-Ferrand.

Le mouvement devrait se poursuivre début 2011, à Rennes, avec l’ouverture du bâtiment conçu par Odile Decq afin d’abriter le FRAC Bretagne, puis en 2012 avec les deux édifices pensés par Kengo Kuma pour les FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur, à Marseille, et Franche-Comté à Besançon. Le FRAC Nord - Pas-de-Calais doit quant à lui s’installer sur l’ancien site industriel AP2, situé dans le futur quartier du Grand-Large, à Dunkerque. Et, sur le site des Abattoirs de Bordeaux, le FRAC Aquitaine prévoit à l’horizon 2014 de construire un siège totalisant une surface de 5 000 m2.

Une autre forme d’achat
Ces nouvelles infrastructures accompagnent et accentuent le développement déjà amorcé de projets et de résidences d’artistes qui donnent lieu à des productions, et souvent, dans la foulée, à des acquisitions. Une forme d’enrichissement des collections qui représente une alternative – ainsi que l’indique Emmanuel Latreille, directeur du FRAC Languedoc-Roussillon et président de l’association des directeurs de FRAC – « à l’achat banal en galerie. [Ces invitations faites à l’artiste] permettent également d’inscrire ces productions en lien avec un territoire et un contexte ».

De nouvelles actions collectives contribuent en outre à renforcer l’efficacité et la visibilité des FRAC, notamment grâce à leur regroupement au sein de l’association Platform (1). Devenue un véritable réseau de coordination et de fédération de leurs intérêts, celle-ci leur permet de mutualiser certaines ressources et actions de communication qui contribuent au renforcement de leur image.

En témoigne l’actuelle opération « Collections d’automne. Panorama des Fonds régionaux d’art contemporain », qui offre une mise en lumière efficace des différents programmes et collections. À cela s’est ajouté un « Voyage sentimental » en six volets, où plusieurs structures ont fait voyager dans différentes villes des œuvres de leurs fonds. Le fait que cette initiative n’ait pas été une commande de la tutelle ministérielle résonne ici comme un gage de maturité pour les FRAC.

Une maturité qui tend à s’exporter puisque, en 2010, sous le titre « Spatial City : The Architecture of Idealism », les FRAC présenteront pour la première fois une cinquantaine d’œuvres aux États-Unis, dans le cadre d’une manifestation itinérante entre Milwaukee, Chicago et Detroit.

Cette consolidation globale des FRAC doit-elle s’accompagner d’une modification de leur statut juridique ? Certaines administrations de tutelle réfléchissent, dans l’objectif d’adapter la structure administrative aux nouveaux équipements, à l’idée de troquer le régime associatif contre celui d’« établissement public de coopération culturelle » (EPCC). Des responsables de FRAC craignent qu’un tel changement ne leur fasse perdre la souplesse et réactivité qui assure la qualité de leur mode de fonctionnement. Une réflexion sereine sur le sujet paraît nécessaire afin de ne pas gripper une machine dont les rouages paraissent aujourd’hui bien fluides.

Sélection d’expositions
FRAC Basse-Normandie : « Dépaysage : Jeppe Hein, Ulrik Weck, Joachim Koester », jusqu’au 3 janvier 2010.
FRAC Champagne-Ardennes : Marine Hugonnier, « Part 3 », jusqu’au 3 janvier.
FRAC Corse, hors les murs : « Claudio Parmiggiani » au couvent de Morsiglia, jusqu’au 31 juillet.
FRAC Haute-Normandie : « (Des) accords communs. Dessins de la collection du FRAC Haute-Normandie », jusqu’au 6 décembre.
FRAC Lorraine : « Esthétique des pôles. Le testament des glaces », jusqu’au 7 février.
FRAC Pays de la Loire : « For Whom Is It Too Late Today ? Between Stamp and Mars ». Le collectif turc Ha Za Vu Zu est invité par le commissaire indépendant Vasif Kortun, jusqu’au 31 janvier.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°314 du 27 novembre 2009, avec le titre suivant : Mouvements de consolidation

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