Danse & Théâtre - Musée

ENTRETIEN

Mathieu Potte-Bonneville : « Multiplier les croisements entre le musée et le spectacle vivant »

Directeur du département culture et création du Centre Pompidou

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 9 novembre 2021 - 527 mots

PARIS

En tant que directeur du département du développement culturel du Centre Pompidou, quelle est votre mission ?

Le Centre comprend deux départements : le Musée national d’art moderne et le département culture et création. Ce dernier réunit l’ensemble des disciplines qui font partie de la programmation vivante : la Parole, le cinéma, les arts de la scène et la performance. Avec deux axes, un travail sur les enjeux de société, et l’accueil d’artistes ou d’intellectuels auxquels nous passons commande pour des propositions sur mesure.

Pouvez-vous revenir sur le constat qui a présidé à la création du programme « spectacles vivants » ? Quand a-t-il été lancé ?

Ce programme est aussi ancien que le Centre Pompidou. L’idée de Georges Pompidou était en effet de réunir tous les arts. L’ambition était de faire une place au spectacle vivant en le reconnaissant comme une forme culturelle majeure au même titre que les arts plastiques. Tadeusz Kantor, pour le théâtre, et Merce Cunningham, pour la danse, ont chacun marqué l’histoire du Centre à la fin des années 1970. Le Centre Pompidou est l’un des rares centres d’art à disposer d’une véritable salle de spectacle. Dotée d’un très grand plateau et d’un peu moins de 400 places, elle a un format idéal pour les spectacles de danse. Sous l’impulsion de Serge Laurent, responsable de la programmation pendant près de vingt ans, la grande salle du Centre a d’ailleurs été un laboratoire de la danse contemporaine. Des chorégraphes comme Jérôme Bel ou Gisèle Vienne y ont créé certaines de leurs pièces majeures. (*)

Cette saison 2021-2022 aspire à faire du Centre Pompidou « un lieu d’expérimentations, de croisement et de rassemblement de toutes les disciplines » : c’est-à-dire ?

Cela correspond à une volonté d’élargir le spectre, par exemple de faire revenir le théâtre, notamment le théâtre documentaire, comme celui de Mohamed El Khatib ou de Gurshad Shaheman. Mohamed El Khatib a ainsi conçu avec Valérie Mrejen Gardien Party, interprété par quelques-uns des gardiens de musée qu’ils ont rencontrés, du Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg au MoMA à New York… Nous avons accueilli ce spectacle, que nous avons coproduit, au cœur des collections du musée.

Que recouvre la notion de « croisements » ?

Elle concerne la programmation : nous voulons multiplier les croisements entre le musée et le spectacle vivant par exemple. L’accueil du performeur et poète Tim Etchells, auquel le Festival d’automne consacre son grand portrait, est emblématique. Son installation en façade d’une phrase en néon de près de 50 mètres de long restera visible jusqu’en février 2022, et il revient au mois de décembre pour deux performances dans la grande salle, 12AM : Awake & Looking Down, une pièce historique du collectif Forced Entertainment [emmené par Tim Etchells], et une création, Hearthbreaking Final. Enfin, nous souhaitons renouveler le répertoire : la très grande majorité des artistes programmés cet automne le sont pour la première fois au Centre Pompidou.

Erratum - 17 novembre 2021

(*) Mathieu Potte-Bonneville a souhaité compléter ainsi sa réponse : « Depuis deux ans, l’arrivée de Chloé Siganos signe une nouvelle étape de cette histoire, avec pour ambition de rebattre les cartes de la programmation et d’imaginer l’avenir en invitant une nouvelle génération d’artistes ».

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°577 du 12 novembre 2021, avec le titre suivant : Mathieu Potte-Bonneville, directeur du département culture et création du Centre Pompidou : « Multiplier les croisements entre le musée et le spectacle vivant »

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