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J4 - À Marseille, après le flux, le reflux

Marseille : que faire de « l’agrafeuse » ?

La Région, propriétaire de la Villa Méditerranée, voudrait vendre le bâtiment sans réelle utilité.

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 1 mars 2016 - 500 mots

MARSEILLE

Construite dans l’euphorie de Marseille Provence 2013, la Villa Méditerranée qui jouxte le MuCEM n’arrive pas à trouver sa place. Christian Estrosi, le nouveau président de la région, aimerait bien s’en défaire. Par ailleurs, le campus marseillais de l’École nationale supérieure du paysage fait l’objet de critiques depuis son installation en 1992. Il devrait bientôt fermer.

MARSEILLE - « Michel Vauzelle s’est trompé » : durant l’assemblée plénière de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) le 29 janvier dernier, Renaud Muselier, vice-président (LR) du Conseil régional, n’a pas mâché ses mots à propos du fiasco de la Villa Méditerranée, symbole de la présidence Vauzelle.

Mais si le nouveau président, Christian Estrosi, avait annoncé durant sa campagne la vente immédiate du bâtiment, symbole de l’ancienne présidence de région, il apparaît beaucoup moins catégorique aujourd’hui. Le Conseil régional vient de confier une mission d’étude menée à un cabinet d’experts indépendant, dont les conclusions seront rendues à l’été. Selon Agnès Rampal, de la Commission Euro-Méditerranée, en charge du dossier, l’objectif est de pouvoir définir les conditions financières et l’échéancier d’une éventuelle vente. « Si la vente n’est pas retenue, deux objectifs sont clairement assignés à cette étude : réduire les coûts et les frais de fonctionnement de la villa, mais respecter bien sûr son intégration dans ce site prestigieux qui comprend le MuCEM et le fort Saint-Jean. »

Un coût d’entretien annuel faramineux
Voulue par l’ancien président de région Michel Vauzelle (PS), la Villa Méditerranée, inaugurée en 2013, a coûté 70 millions d’euros à la région pour sa construction, une prouesse technique de l’Italien Stefano Boeri qui a conçu un gigantesque porte-à-faux sur un bassin de 2 000 m2. Mais passée l’année Capitale européenne de la culture, la Villa n’a pas trouvé sa place sur l’esplanade J4, et les frais de fonctionnement – estimés à 4,4 millions d’euros annuels – continuent à grever le budget de la Région. Confiée gracieusement à un groupement d’intérêt public, l’Agence des villes et territoires méditerranéens durables (Avitem) le 1er janvier 2015, le projet de la Villa reste peu clair et beaucoup s’interrogent sur sa destination originelle : un centre culturel donnant les clés de compréhension des cultures méditerranéennes.

Mais la vente du bâtiment pose problème : « toutes les activités ne sont pas possibles » dans le site, a souligné Agnès Rampal devant l’assemblée régionale. Et pour cause : la spécificité structurelle du bâtiment impose des normes de sécurité drastiques. Ainsi, le porte-à-faux de 760 m2 ne peut recevoir que 300 visiteurs simultanément, tandis que le bâtiment dans son entier ne peut accueillir plus de 1 500 personnes. Un temps évoquée, la possibilité de faire de « l’agrafeuse » (selon l’un des surnoms donné par ses détracteurs) un casino semble avoir fait long feu. Cette capacité d’accueil limitée, malgré un auditorium de 400 places, rend en effet difficile un changement d’activité, et donc la cession du bâtiment, malgré son emplacement stratégique et son profil (œuvre d’un architecte reconnu dans le monde entier). Pour la région, le casse-tête continue.

Légende photo

La Villa Méditerranée, Marseille. © Batipresse.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°452 du 4 mars 2016, avec le titre suivant : Marseille : que faire de « l’agrafeuse » ?

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