Archéologie

L’Inrap sort du rouge

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 24 avril 2019 - 620 mots

Jouant de l’augmentation des prix et d’un contrôle relatif de sa masse salariale, l’Institut national de recherches archéologiques préventives a redressé ses comptes en 2018.

Paris. Cela n’était pas arrivé depuis 2013. L’Institut national de recherches archéologiques préventives a dégagé en 2018 un résultat excédentaire de 1,17 million d’euros contre un déficit de 1,9 million d’euros l’an dernier. Ce bon résultat relatif est en grande partie dû à une meilleure santé du marché des fouilles et une remontée des prix. Le marché s’était en effet effondré entre 2014 et 2016, provoquant une guerre des prix désastreuse entre les concurrents.

L’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) intervient en effet sur deux marchés : celui des diagnostics que prescrit l’État avant que des travaux d’aménagement ne soient réalisés sur des zones sensibles et celui des fouilles qu’ordonne également l’État en fonction du rapport de diagnostic. Si l’Inrap est en quasi-monopole sur le premier marché (partagé avec les services des collectivités locales habilitées), il doit affronter une dizaine d’acteurs sur le second marché ouvert, lui, à la concurrence du privé. Un marché si rude que beaucoup de concurrents sont en difficulté, à l’instar de la société la plus importante, Eveha (13,50 M€ de chiffre d’affaires en 2017) qui a déposé le bilan en 2018. Depuis le tribunal de commerce a accepté le plan de redressement de l’entreprise.

Selon son directeur Daniel Guérin, l’Inrap a même renforcé de 13,5 % son poids sur ce marché des fouilles – environ 400 fouilles par an –, où il détient une position forte (plus de 50 %). Ainsi, par l’effet combiné d’une augmentation du volume et des prix, le chiffre d’affaires de cette activité a crû de 6 % en 2018, s’établissant à 61 millions d’euros.

Ces recettes restent cependant minoritaires dans le compte financier de l’établissement public, dont une grande partie des revenus est constituée d’une subvention d’État de 81 millions d’euros (sur un total de 152 M€). Cette subvention est censée couvrir les activités de diagnostic et de recherche/diffusion. Un mélange des genres qui ne plaît pas trop à la concurrence, qui dénonce une porosité entre les deux activités réalisées par les mêmes personnes. La mise en place d’une comptabilité analytique permet en partie de lever les soupçons.

Piloter la masse salariale

Le sujet est d’autant plus sensible que l’essentiel des coûts est constitué de la masse salariale. C’est d’ailleurs, avec l’augmentation des recettes commerciales l’autre enjeu de l’Inrap : comment gérer le planning de 2 200 personnes, dont 80 % travaillent sur le terrain ? Il faut en effet à la fois optimiser le taux d’occupation des archéologues et le paramètre géographique : les fouilles n’ont pas toujours lieu à proximité de la résidence des archéologues, impliquant des coûts de déplacement. Or après la décision de l’ex-ministre Aurélie Filippetti, une grande partie (240) des nombreux contrats à durée déterminée (CDD), qui donnaient de la souplesse au planning a été transformée en contrats à durée indéterminée (CDI) faisant grimper le taux de ce type de contrat chez l’opérateur à 98 % ; Daniel Guérin voudrait le ramener à 90 %. L’autre enjeu managérial est de pouvoir offrir de la promotion interne afin d’entretenir la motivation. « En 2018, 71 personnes ont été promues », relève le directeur général. Le départ à la retraite de 800 agents dans les prochaines années est à cet égard un ballon d’oxygène.

Ce résultat positif reste cependant fragile. Le « glissement vieillesse technicité » augmente mécaniquement les coûts salariaux de 1,9 %. Par ailleurs, sans le crédit d’impôt recherche de 11,50 millions d’euros attribué depuis 2016, les comptes seraient dans le rouge, comme l’est l’activité « diagnostic ». Daniel Guérin et son président Dominique Garcia plaident régulièrement auprès de leur tutelle pour que la subvention de service public soit augmentée.

 

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°522 du 26 avril 2019, avec le titre suivant : L’Inrap sort du rouge

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