L’heure du bilan

Après la grève, quel avenir pour le Musée de l’Homme ?

Le Journal des Arts

Le 8 février 2002 - 509 mots

À la faveur de l’arrivée d’un nouveau président à la tête du Muséum, les grévistes du Musée de l’Homme ont suspendu leur mouvement de protestation. L’heure d’un premier bilan est venue.

PARIS - La nomination d’un nouveau président du Muséum national d’histoire naturelle, Bernard Chevassus-au-Louis (lire le JdA n° 141, 25 janvier 2002), a eu un premier effet positif. Le 18 janvier, les personnels du Musée de l’Homme, après avoir été reçus, ainsi que les syndicats du Muséum, par le président, ont suspendu le mouvement de grève entamé deux mois auparavant. L’établissement a donc rouvert ses portes au public. Quel bilan peut-on d’ores et déjà tirer de ce conflit, en particulier sur le déménagement des collections d’ethnologie vers le Musée du quai Branly ? S’il comprend l’attachement des personnels aux collections, M. Chevassus a rappelé l’engagement de les déposer à Branly. Néanmoins, il a obtenu qu’il soit provisoirement suspendu dans un souci d’apaisement. Par ailleurs, il nous a indiqué que le contrat de dépôt allait être réexaminé, non pour le remettre en cause mais pour régler la situation transitoire des objets, entre leur départ du Musée de l’Homme et l’ouverture du Musée du quai Branly en 2004 (ou 2005). Quant à la bibliothèque-photothèque du Musée de l’Homme, si le maintien de son intégrité est acquis, la question de sa localisation définitive reste apparemment ouverte.
À l’issue du mouvement de protestation, les équipes du musée semblent désormais unies dans le désir de bâtir un nouveau projet. Cela n’a pas toujours été le cas, ainsi qu’ont voulu le rappeler les chercheurs partis au Musée du quai Branly. “Il faudrait éviter la démagogie qui tente à accréditer qu’au Musée de l’Homme tout fonctionnait bien avant le projet Branly”, soulignent-ils dans une lettre adressée aux grévistes. “Dans la dernière période, si Branly a pu s’imposer aux politiques, c’est bien parce que nous avons été incapables de rénover le Musée de l’Homme lorsqu’on nous en offrait l’occasion, ajoutent-ils. Les projets de rénovation du Musée de l’Homme n’ont pas manqué. [...] Les plus sérieux ont été mis en échec par la hiérarchie même du Musée.” Pour le futur, le nouveau président indique des pistes, et constate que la dimension préhistorique n’est pas assez développée à Chaillot.
La rénovation du Muséum devrait également mobiliser les énergies. La période transitoire qui s’est ouverte il y a deux ans dans l’attente de nouveaux statuts a considérablement fragilisé l’institution. “Si on est critiqués sur l’état de nos collections [80 millions d’objets], c’est parce que le personnel était insuffisant. Depuis deux ans, les emplois vacants ont été gelés”, reconnaît M. Chevassus. Une urgente remise à niveau s’impose. D’importants chantiers de restauration sont déjà en cours ou programmés sur le site du jardin des Plantes. Les galeries de paléontologie et de minéralogie devraient être dotées d’une nouvelle muséographie. Pour cette tranche de travaux, 23 millions d’euros par an pendant six ans sont inscrits au budget. Mais “il faut déjà réfléchir à une deuxième tranche qui pourrait inclure le Musée de l’Homme”, indique M. Chevassus. Cela laisse le temps de la réflexion.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°142 du 8 février 2002, avec le titre suivant : L’heure du bilan

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