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Les surprises de Paris Photo

L'ŒIL

Le 1 novembre 2000 - 574 mots

La désormais traditionnelle manifestation vouée au marché de la photographie devrait songer à trouver de plus vastes espaces que le déjà conséquent Carrousel du Louvre. En effet, chaque année, le nombre de galeries décidées à y participer devient plus important. Timides au début, les marchands américains, avec 17 exposants sur un total de 92, semblent avoir compris l’intérêt du festival Paris Photo, pourtant fort éloigné – au moins géographiquement – de leur clientèle habituelle. C’est que l’on ne vient pas ici dans le seul but de vendre ou de faire connaître un catalogue d’œuvres. On est aussi présent pour échanger, voire acheter un bon prix ce que l’on revendra plus cher à domicile. Certaines pièces proposées par des galeristes européens ont, l’an dernier, rapidement trouvé acquéreurs parmi leurs homologues d’Outre-Atlantique. Et pour les photographes, l’occasion est belle de trouver réunis sous un même toit des gens qui d’ordinaire travaillent à des milliers de kilomètres. Le principal thème abordé cette année touche aux collections d’entreprises, réunies par quelques grands mécènes : le CCF, la Fondation Cartier, ABN/AMRO, la Caisse des Dépôts et Consignations (L’Œil n°520). Débats et tables rondes devraient permettre, le 17 novembre, de rencontrer des professionnels du mécénat d’entreprise, face à leurs interlocuteurs habituels, galeristes, consultants, commissaires d’expositions... Faire le tour de la manifestation peut révéler bien des surprises. L’on s’attardera ici et là dans telle galerie présentant une belle série d’images ou des œuvres peu connues d’artistes qui le sont davantage. Nouvelle venue à Paris Photo, la Rose Gallery de Santa Monica (Californie) présente la grande Dorothea Lange, dont beaucoup de travaux, sous l’égide de la Farm Security Administration, furent réalisés durant les années 30 dans cette même Californie. On rapprochera son univers de celui, nostalgique, du cinéaste Wim Wenders, passé à l’image fixe le temps de brosser quelques beaux clichés de l’Ouest. Mais si l’on veut du classicisme américain doré sur tranches, il faut se rendre sur le stand de la galerie new-yorkaise Howard Greenberg : outre Dorothea Lange, elle propose Margaret Bourke-White, Robert Capa, Walker Evans, Robert Frank, W. Eugene Smith... parmi quelques Brassaï et Kertesz garantis vintage. Saluons l’arrivée ici d’une galerie japonaise, Taka Ishii, et son courageux parti pris de présenter les travaux de la toute jeune Yuki Kimura, puis dirigeons-nous vers le stand de Gilles Peyroulet, entièrement consacré à Nick Waplington. Étonnant personnage que ce Britannique, tour à tour témoin direct de l’hystérie familiale en milieu populaire, reporter au mariage de l’un de ses personnages et reflet, dans ses autoportraits comme dans son regard sur les autres, de la tendance moderne à l’uniformité des comportements et des modes. Dès lors qu’il s’agit de créer une thématique, les idées originales ne manquent pas. Celle qu’a développée la galerie londonienne Michael Hoppen retient l’attention par sa rigueur : montrer les œuvres de tous ceux, ou presque, qui ont travaillé sous la férule du modèle des directeurs artistiques, Alexey Brodovitch, dans les années 30, 40 et 50 : Richard Avedon, Erwin Blumenfeld, Louise Dahl-Wolfe, Lisette Model, Martin Munkacsi, Bill Brandt, Hiro... À deux pas de là, une curiosité : les polaroïds SX-70 réalisés par Walker Evans à la fin de sa vie, exposés chez Thierry Marlat. Grand collectionneur de panneaux routiers et de signes publicitaires, Evans photographiait ce qu’il ne pouvait emporter, selon un cadrage serré. Divine surprise, donc, que ces petits carrés de couleur, dans une manifestation où dominent souvent les grands formats.

PARIS, Carrousel du Louvre, 16-19 novembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°521 du 1 novembre 2000, avec le titre suivant : Les surprises de Paris Photo

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