Patrimoine

Le soulèvement de la place Saint-Marc

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 8 octobre 1999 - 481 mots

VENISE / ITALIE

En attendant ses digues mobiles, Venise a trouvé un moyen radical de protéger la place Saint-Marc contre les inondations incessantes : surélever le pavement de vingt-cinq centimètres. Toutefois, la première tranche de cette opération délicate, dont le coût global est estimé à cent milliards de lires (340 millions de francs), pourrait être reportée à 2001, en raison du Jubilé.

VENISE. Il faut se hâter lentement. Telle semble être la devise dans la lutte contre les inondations qui rongent chaque année un peu plus la place Saint-Marc et ses monuments. Tandis qu’aucune décision n’a encore été prise pour la construction de digues mobiles à l’entrée de la lagune afin de réguler les marées, un comité technique de la Commune a donné son feu vert à un autre projet, élaboré par le Consortium Venezia Nuova en 1993 ! Celui-ci n’exclut pas celui-là, mais se présente au contraire comme une intervention complémentaire. L’opération, estimée à cent milliards de lires, vise à protéger le site majeur de la Sérénissime des redoutables acque alte (hautes eaux) dont elle est victime trois mois par an. Il s’agit ni plus ni moins de rehausser à un mètre la place Saint-Marc, qui se trouve actuellement à environ 75-80 cm au-dessus du niveau moyen de la mer. “Et nous devrons aussi créer une sorte de dos d’âne devant le palais des Doges à hauteur de 1,15 m ; autrement, la place serait quand même submergée sous l’effet de la houle”, a expliqué au Corriere della Sera Giorgio Mainoldi, du Consortium. Évidemment, ces transformations ne protégeront pas des marées exceptionnelles, seulement des “normales”, par définition plus nombreuses. La première étape de ce chantier, qui devrait durer un an et demi et coûter quinze milliards de lires (51 millions de francs), portera sur la partie de la place donnant sur le bassin de Saint-Marc. Ce que l’on ignore, c’est que l’eau envahit en partie la place à partir de son sous-sol. On y compte ainsi quelque cent cinquante tombes gorgées d’eau et d’anciennes canalisations d’évacuation des eaux de pluie reliées à la lagune. Les pavés de la place seront progressivement ôtés et, une fois comblées les tombes et les canalisations, un manteau imperméable sera coulé afin d’y installer un nouveau système de drainage des eaux de pluie. Celles-ci seront acheminées vers une station de pompage, puis rejetées dans le bassin de Saint-Marc. Une autre intervention a été jugée indispensable. Elle concerne le narthex de la basilique Saint-Marc. Situé à 60 cm au-dessus du niveau de la mer, contre un mètre pour la basilique, c’est l’un des points les plus bas de la cité. Mais il y a – nécessairement – un bémol : les travaux, qui devaient débuter au printemps, pourraient être reportés à 2001, en raison du Jubilé et du flot de touristes attendu. Le temps pour la presse italienne de continuer à gloser sur ces “cent milliards pour vingt-cinq centimètres”.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°90 du 8 octobre 1999, avec le titre suivant : Le soulèvement de la place Saint-Marc

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