Economie - Patrimoine

Enquête

Le patrimoine enrichit l'économie

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 12 mai 2009 - 686 mots

Les conclusions d'une enquête menée à l'échelle nationale sur les retombées économiques du patrimoine sont édifiantes : le patrimoine est un vecteur économique extrêmement dynamique avec un impact estimé à 21 milliards d'euros par an.

En 2005, l’étude menée par l’Agence régionale du patrimoine de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (ARP-PACA) avait déjà jeté un pavé dans la mare. Elle révélait en effet que, pour cette seule région, le patrimoine engendrait près de 1,2 milliard d’euros de revenus annuels (lire le JdA no 229, 20 janvier 2006, p. 3). À la suite de sa publication, le ministère de la Culture décidait de commander à l’ARP-PACA une étude similaire portée cette fois-ci à l’échelle nationale. L’idée de la direction de l’Architecture et du Patrimoine était claire : tenter d’évaluer le retour sur investissement des crédits publics consacrés à la restauration et à la mise en valeur du patrimoine protégé au titre des monuments historiques. Les résultats, publiés en mars 2009, parlent d’eux-mêmes. D’après les données collectées, l’impact économique du secteur se chiffre à environ 21 milliards d’euros et serait plus de vingt fois supérieur à la dépense publique. Le patrimoine est donc loin d’être une dépense à considérer comme un luxe inutile.

Menée de mars 2007 à décembre 2008 selon la même méthodologie que pour la région PACA et en s’appuyant sur les recherches de l’économiste Xavier Greffe, précurseur dans le domaine avec son ouvrage La valorisation économique du patrimoine (La Documentation française, 2003), l’étude s’est nourrie d’une démarche participative. Directions régionales des Affaires culturelles, gestionnaires de sites, observatoires du tourisme et entreprises de restauration ont contribué à alimenter une base de données permettant de dresser un état des lieux par région. Les auteurs de l’enquête ne cachent pas une certaine difficulté à évaluer de manière très précise les effets indirects – sur les secteurs fournissant des biens et services au secteur du patrimoine comme la restauration du patrimoine, le tourisme ou la valorisation… – et les emplois induits, créés grâce à l’activité suscitée par l’utilisation des rémunérations liées aux emplois directs et indirects du patrimoine. Ce caractère expérimental est donc pleinement assumé et appelle à la mise en place d’un système d’observation plus fin.
Les conclusions sont néanmoins sans appel. « Sur la base d’un investissement de l’État pour la restauration du patrimoine compris entre 30 %  à 50 %, 1 euro investi dans le patrimoine génère entre 28 et 31 euros de retombées économiques en France métropolitaine et 6 euros dans les DOM-TOM. » Le montant des recettes directes, plus de 500 millions d’euros, réalisées principalement par la billetterie, est par ailleurs deux fois supérieur au budget annuel de l’État pour des travaux de restauration et d’entretien. L’impact social se chiffre quant à lui à 500 000 emplois, un emploi direct dans le patrimoine engendrant 15 emplois indirects et induits. Nul doute n’est plus permis à la lecture de ce document qui fournit de nombreuses données inédites : le patrimoine est davantage un moteur économique qu’une charge pour la collectivité.

Le patrimoine en chiffres

42 644 monuments historiques et sites protégés
124 Villes et Pays d’art et d’histoire
97 secteurs sauvegardés
1 207 Musées de France
34 musées nationaux

Base de données de l’étude : 3 396 monuments gérés par 2 613 structures publiques ou privées.

Impact social : environ 500 000 emplois engendrés par le patrimoine en France métropolitaine et 3 400 pour les DOM-TOM. 33 000 emplois directs, plus de 280 000 emplois indirects (tourisme, restauration du patrimoine, métiers d’art, expertise, recherche, formation…), 187 000 emplois induits.

Impact économique : environ 21,1 milliards d’euros produits par le patrimoine et 96,77 millions d’euros dans les DOM-TOM.

Direct : recettes d’exploitation des sites monuments historiques et musées de France : environ 500 millions d’euros (dont 260 millions d’euros de recettes en billetterie)

Indirect : 20,61 millions d’euros dont 5,1 millions dans la restauration du patrimoine, 15,51 millions dans le tourisme et 3,6 millions dans les métiers d’art.

Dépenses publiques en faveur du patrimoine : 227 millions d’euros de financement de l’État pour la restauration.

Estimation pour les collectivités locales : entre 454 et 530 millions d’euros.

Étude nationale des retombées économiques et sociales du patrimoine, mars 2009, direction de l’Architecture et du patrimoine, Agence régionale du Patrimoine Provence-Alpes-Côte d’Azur, www.impact-patrimoine.fr

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°303 du 16 mai 2009, avec le titre suivant : Le patrimoine enrichit l'économie

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