Art contemporain

Le marché de l’art s’adapte à la crise

Malgré la récession, le marché de l’art international ne se porte pas si mal, si l’on en croit le dernier rapport commandé par Tefaf

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 2 mars 2010 - 863 mots

MONDE

Voilà dix ans que Tefaf (The European Fine Art Foundation) a lancé un programme de recherches dans le but d’analyser les différents aspects du marché de l’art international. Le fruit de ces études, commandées par Tefaf et menées par des économistes indépendants, donne lieu annuellement à une publication au moment de la foire de Maastricht.

Cette année, c’est Clare McAndrew, docteur en économie culturelle spécialisée dans le marché des beaux-arts et des arts décoratifs, qui s’y est attelé. Après un rapport sur le marché de l’art international qui couvrait la période 2002-2006, sponsorisé et publié par Tefaf en 2008, elle livre en 2010 les Tendances du commerce de l’art durant la récession mondiale (1) pour la période 2007-2009.

Malgré une baisse marquante des transactions commerciales l’an dernier par rapport au pic de 2007, les ventes d’art (beaux-arts et arts décoratifs) en 2009 restent historiquement supérieures à n’importe quelle année avant 2006. Il faut donc relativiser. En 2008, elles totaliseraient 42,2 milliards d’euros, contre 48,1 milliards d’euros en 2007, soit une diminution de 12 %. En 2009, la crise financière mondiale les a fait plonger de 26 %.

Le chiffre des ventes d’art atteindrait 31,1 milliards d’euros. La contraction des ventes entre 2007 et 2009 est la plus importante depuis la récession intervenue au début des années 1990. Plus étonnant, les ventes mondiales d’art et d’antiquité se répartiraient de la façon suivante : environ 55 % pour les marchands et 45 % pour les maisons de ventes. Ces dernières auraient le plus souffert de la situation économique internationale. Avec une chute de 32 % de leurs chiffres d’affaires entre 2008 et 2009, les ventes publiques cumuleraient à peine 13 milliards d’euros en 2009, contre 18,4 millions pour les marchands, correspondant à une perte de 21 % sur la même période.

La France, portée par la vente Saint Laurent-Bergé
Le marché anglo-saxon a été le plus touché par la crise. Les ventes d’art aux États-Unis enregistraient 9,5 milliards d’euros en 2009, contre 14,7 milliards d’euros en 2008. La Chine, qui poursuit sa croissance, a en revanche gagné des parts de marché, atteignant 14 % du marché mondial de l’art en 2009, contre 12 % en 2008 et 9 % en 2007. La part de la France – toujours à la quatrième place dans le marché de l’art international – a aussi progressé, passant de 6 % en 2008 à 11 % en 2009. Cela est dû au triomphe d’une seule vente historique, celle de la collection Saint Laurent-Bergé. La Grande-Bretagne demeure leader en Europe avec 69 % du marché en 2008, et seulement 57 % en 2009 en raison de la progression française.

Entre 2008 et 2009, le marché du moyen de gamme (en terme de prix) est celui qui a le plus souffert de la récession. Le secteur le plus touché est celui de l’art contemporain. Si ce marché a quasi été multiplié par 100 en valeur, entre 2002 et 2008, il se serait effondré de près de 60 % en 2009 en valeur et en volume. Après deux années de déclin, le niveau des prix pour l’art contemporain serait équivalent à celui de 2005, ce qui n’est pas si mal. Voilà pour les chiffres clés. Ils sont largement détaillés dans les différents chapitres où l’on est rapidement noyé sous un déluge de données. De plus, compte tenu des délais de bouclage de l’étude menée, les chiffres pour l’année 2009 sont estimatifs.

Brièvement évoquées dans une page consacrée aux remerciements, puis précisées au fil des chapitres, les sources documentaires de cette étude ont été fournies par des maisons de ventes, antiquaires et galeries d’art, ainsi que par des bases de données spécialisées telles Artprice et Art Market Research. L’auteur précise aussi que, cette année, elle a bénéficié d’un sondage réalisé auprès des plus grands collectionneurs mondiaux qui se sont livrés pour la première fois à cet exercice.

Tous les collectionneurs interrogés placent leur « passion » pour l’art comme motivation première à l’achat, bien que la plupart reconnaissent que l’art, à défaut d’être un placement « liquide », est un meilleur investissement sur le long terme que les produits financiers ou immobiliers. Beaucoup attendent le rendez-vous des grandes foires pour acheter. Et un grand nombre d’entre eux demandent des conseils à des marchands avant d’acquérir un lot en ventes publiques. On ne peut cependant s’empêcher de penser que ce rapport, commandé par un puissant acteur du marché de l’art mondial et publié la veille de l’ouverture de la foire de Maastricht, sert bien sa cause. Une enquête révèle que, pour l’année 2010, 42 % des marchands s’attendent à une stabilité de leur activité commerciale, tandis que 32 % espèrent une embellie.

Toujours selon cette enquête, en 2009, les marchands ont réalisé en moyenne 30 % de leur chiffre d’affaires hors les murs de leur galerie, notamment lors de foires et salons internationaux qui, brassant vendeurs et acheteurs de tous horizons, sont considérés comme des rendez-vous favorisant largement le développement du marché de l’art dans le monde.

(1) Dr Clare McAndrew, The International Art Market 2007-2009, Trends in the Art Trade during Global Recession, éd. Tefaf, 2010, 169 p., en anglais, 15 euros, ISBN 978-9-0753-7513-8

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°320 du 5 mars 2010, avec le titre suivant : Le marché de l’art s’adapte à la crise

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