Patrimoine

Le Lion de Palmyre retrouve un peu de sa superbe

Par Bénédicte Gattère · lejournaldesarts.fr

Le 9 octobre 2017 - 555 mots

DAMAS (SYRIE) [09.10.17] — Le Lion d'Al-Lât, rescapé de la destruction de Palmyre est devenu un symbole de la ville martyre. Il a été restauré et installé provisoirement à l'entrée du musée archéologique de Damas.

En juin 2015, lors de la prise de Palmyre par l'armée de l'État islamique (EI), la statue du Lion d’Al-Lât avait subi de sérieux dégâts, mais n'avait pas été détruite entièrement. Après la reconquête de Palmyre par les forces syriennes en mars 2016, elle avait été rapatriée à Damas. Un mois après, en avril, l'UNESCO avait piloté une mission d'évaluation des dégâts du site classé au Patrimoine mondial, soutenue par son Fonds d'urgence pour le patrimoine.

Sur le site du Musée de Palmyre vandalisé et reconverti en prison par l'armée de l'EI, les experts envoyés sur place avaient retrouvé des bustes de divinités sans têtes, des débris de sarcophages et d'autres statues endommagées, un peu partout autour du bâtiment. Les fragments du célèbre Lion, qui avaient pu être retrouvés avait alors été envoyés au musée national de Damas pour restauration. L'antilope accroupie qu'il tenait entre ses pattes, symbolisant la protection du plus faible par le plus fort avait subi de sérieux dégâts. Sa tête a été particulièrement abîmée.

« La restauration du Lion d'Al-Lât est une grande réussite » se félicite Hamed Al Hammami, directeur du Bureau régional de l'UNESCO pour l'éducation dans les États arabes et représentant de l'organisation mondiale en République arabe syrienne. Il ajoute que cette restauration revêt une « dimension symbolique » alors que l'EI ne tient plus que quelques fiefs en Irak et en Syrie et recule à Raqqa.

La restauration a été confiée à l'archéologue polonais Bartosz Markowski dans le cadre du Projet de sauvegarde d'urgence de l'héritage culturel syrien de l'UNESCO. Financé par l'Union européenne, il vise à documenter et préserver le patrimoine syrien, menacé par la guerre. Le Lion restauré est désormais visible à l'entrée du musée national de Damas, le musée archéologique le plus important du pays, mais « devrait retourner un jour à Palmyre » a affirmé Mahmoud Hammoud, directeur du département des antiquités syriennes. Il est composé pour moitié des fragments de l'original, qui ont permis la reconstitution des parties manquantes. Markowski est familier de la sculpture car il faisait déjà partie de l'équipe qui avait permis une première restauration du Lion d'Al-Lât en 2005.

Également connu sous le nom de « Lion d'Athéna », datant du 1er siècle avant J.-C, cette statue de calcaire, de 3,45 mètres de haut et pesant 15 tonnes avait subi les outrages du temps. Il gardait depuis deux mille ans l'entrée du temple de la déesse préislamique Al-Lât, à laquelle il est régulièrement associé dans les représentations de la divinité. Il avait été découvert en 1977 par une équipe d'archéologues polonais. Sur sa patte gauche figurait cette inscription : « Qu'Al-Lât bénisse quiconque ne verse pas le sang dans ce sanctuaire … »

Selon l'ONU, plus de trois cent sites historiques et archéologiques, dont le territoire syrien est riche, pour avoir abrité l'une des plus anciennes civilisations avec les Amorrites notamment, ont été endommagés, pillés et détruits depuis que le conflit avec l'EI a débuté il y a quatre ans. L'arc de triomphe de Palmyre, le temple de Bel ainsi que le temple de Baalshamin font partie des monuments détruits pendant la guerre.

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Le Lion d'Al-Lât après sa restauration © photo UNESCO

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