Le Jeu de Paume, nouveau temple de l’image

L'ŒIL

Le 1 juin 2004 - 800 mots

Destinée à devenir un établissement public dès janvier 2005, l’ex-Galerie nationale du Jeu de Paume sera dorénavant vouée à la photographie et à l’image. Dans sa nouvelle configuration, l’institution inclut également les espaces de l’hôtel de Sully et promet, sous la houlette de Régis Durand, une programmation ambitieuse.

Successivement dirigée par Alfred Pacquement et Daniel Abadie, la Galerie nationale du Jeu de Paume, dédiée à l’art moderne et contemporain depuis 1991 – et notamment à la peinture –  change de statut et d’orientation. Elle sera désormais entièrement vouée à la photographie et à l’image, en restant ouverte au cinéma, à la vidéo, aux installations, en lien avec la pratique photographique contemporaine. Une nouvelle voie qui marque l’aboutissement du projet annoncé par Jean-Jacques Aillagon en octobre 2002 pour la politique photographique du ministère de la Culture et de la Communication, et qui concerne également un autre lieu, l’hôtel de Sully situé rue Saint-Antoine dans le Marais. Le « label » Jeu de Paume réunit donc désormais deux espaces. L’hôtel particulier qui abritait jusqu’à maintenant le Centre national de la photographie (CNP), rue Berryer, ne sera plus, quant à lui, dévolu à la culture. Dès janvier 2005, le Jeu de Paume deviendra un établissement public industriel et commercial (Épic) subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication ; en attendant, il prend la forme d’une association de préfiguration.
Dans sa nouvelle configuration, l’institution dont Régis Durand a été nommé directeur en juin 2003, a plusieurs missions. Elle a en premier lieu pour vocation de devenir un espace de référence pour la diffusion de la photographie et de l’image, du xixe siècle à aujourd’hui. Expositions, cycles de films, colloques, publications, activités pédagogiques sont donc prévus pour les deux lieux, ainsi que des manifestations hors les murs. Le souhait de Régis Durand étant d’en faire un endroit de recherche autour de l’image, vivant et évolutif. Le Jeu de Paume continuera aussi à aider les artistes comme le faisait le CNP dans le cadre des expositions, et des commandes spécifiques pourront aussi être envisagées, en partenariat avec d’autres institutions, des festivals… Le Jeu de Paume a pour autre objectif de gérer et de mettre en valeur les fonds photographiques appartenant à l’État, une mission auparavant confiée à l’association Patrimoine photographique. La Commission nationale de la photographie assure un rôle de coordination entre les différentes institutions qui interviennent dans le domaine de la photographie, comme le musée d’Orsay, le Centre Pompidou ou la Bibliothèque nationale de France, afin de favoriser la mise en œuvre de projets communs, ce que souhaite vivement développer Régis Durand.

L’image sous toutes ses formes
En ce qui concerne la programmation, ce dernier envisage plusieurs types d’expositions. Au Jeu de Paume, des monographies et des expositions qui mêleront photographie historique et contemporaine, en incluant aussi d’autres médiums. Selon son directeur, le Jeu de Paume doit devenir « un lieu d’interrogations sur l’image par le biais de manifestations transversales ». En donnant une large place à la création contemporaine, notamment avec le foyer et les mezzanines qui seront plus particulièrement réservés à la présentation de projets de jeunes artistes. Dans les salles de l’hôtel de Sully, des expositions patrimoniales donneront au lieu sa dominante, mais d’autres, conçues autour d’un moment d’histoire, montrant comment tel ou tel événement a pu être traité par l’image – par la photographie mais aussi par la télévision ou le cinéma – sont également prévues. L’idée générale qui guide cette programmation étant de garder la spécificité de la photographie tout en prenant en compte les évolutions de celle-ci et ses transformations en relation avec les autres formes d’images.
Quatre tranches d’expositions par an sont prévues. Pour marquer l’ouverture ce mois-ci, deux accrochages annoncent d’emblée une programmation variée : une exposition monographique consacrée à Guy Bourdin – photographe important dans les années 1960-1980, dans les domaines de la mode et de la publicité –, et une autre, thématique, « Éblouissement », autour de la question de la lumière, du xixe siècle à aujourd’hui. Suivra « L’Ombre du temps », fin septembre, une exposition plus historique autour de l’image poétique et expérimentale du xxe siècle, imaginée par Régis Durand comme une sorte de pendant à l’exposition récente de Londres – à la Tate Modern –, intitulée « Cruel and Tender » (L’Œil n° 549), qui se limitait à la photographie réaliste.
À l’hôtel de Sully, la première exposition devrait ouvrir ses portes en octobre.

PARIS, Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, VIIIe, tél. 01 47 03 12 52. Ouverture le 23 juin. Expositions « Éblouissement » et « Guy Bourdin », du 24 juin au 12 septembre. Du mardi au vendredi de 12 h à 19 h, le samedi et le dimanche de 10 h à 19 h, nocturne le mardi jusqu’à 21 h 30, fermé le lundi.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°559 du 1 juin 2004, avec le titre suivant : Le Jeu de Paume, nouveau temple de l’image

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