Le directeur des musées de Dresde sort de sa réserve

Le Dr. Martin Roth critique la décision de conserver les œuvres dans les sous-sols inondables de la Gemäldegalerie

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 18 avril 2003 - 526 mots

À la suite des dommages causés par les inondations de l’été 2002 en Europe centrale, le Dr. Martin Roth, directeur des musées de Dresde, a récemment annoncé son refus d’entreposer les chefs-d’œuvre de la Gemäldegalerie Alte Meister de Dresde dans les sous-sols fraîchement rénovés du musée. Première d’une liste de doléances, cette décision ne fait qu’exprimer au grand jour les sentiments du directeur des musées de la ville à l’encontre du gouvernement régional du Land de Saxe.

DRESDE - Submergées par les eaux de l’Elbe et de ses affluents en août 2002, les réserves de la Gemäldegalerie Alte Meister de Dresde sont aujourd’hui rénovées. Martin Roth, directeur général des douze musées de la Ville de Dresde, refuse toutefois d’y entreposer à nouveau les peintures des maîtres anciens. Il a annoncé cette décision à Londres, lors du vernissage de l’exposition “Chefs-d’œuvre de Dresde”, qui se tient à la Royal Academy jusqu’au 8 juin. Sa position va à l’encontre de celle défendue par le gouvernement régional du Land de Saxe, qui a dépensé plusieurs millions d’euros pour la rénovation des réserves situées sous le musée.

Pour Martin Roth, la seule solution à long terme serait de construire de nouvelles réserves dans la cour intérieure de l’Albertinum, le bâtiment historique qui abrite les peintures de la Galerie Neue Meister, mais aussi des sculptures, des monnaies et la Grünes Gewölbe (Voûte verte). Cette construction, dont le coût atteindrait 30 millions d’euros, servirait de réserves aux douze musées dépendant des Staatliche Kunstsammlungen (Collections publiques d’art) de Dresde. Ces derniers ont jusqu’à présent réuni 4 millions d’euros pour le projet. La majeure partie provient des ventes aux enchères d’œuvres d’art organisées en novembre 2002 pour venir en aide aux victimes des inondations. La construction de ces nouvelles réserves nécessite également des fonds publics, mais ceux-ci ne pourront probablement pas être débloqués tant que le CDU sera au pouvoir dans le Land.

D’ici là, les musées doivent fournir des espaces en cas d’urgence. Quelque 4 000 tableaux provenant des réserves inondées sont actuellement dans les galeries de la Gemäldegalerie Alte Meister, entassés sur le sol dans des espaces fermés au public, et 3 000 sculptures restent confinées dans les secteurs réservés à l’administration de l’Albertinum. Entre-temps, le gouvernement du Land de Saxe a mis à disposition un ancien dépôt de bibliothèque, à cinq kilomètres au nord de la ville, et le transfert de plusieurs peintures anciennes de la Gemäldegalerie Alte Meister a d’ores et déjà commencé. Mais ce dépôt n’acceptera d’accueillir que 70 % des peintures. Par ailleurs, compte tenu de ses caractéristiques et de sa situation géographique, il n’est pas adapté à la conservation des œuvres d’art sur le long terme.

Cette querelle n’est qu’un avant-goût des tensions grandissantes entre le gouvernement du Land de Saxe et les Staatliche Kunstsammlungen de Dresde. Pour Martin Roth, les musées de la ville doivent se libérer du joug du Land. Il appelle de ses vœux la création d’une nouvelle structure, plus moderne, disposant d’une plus grande autonomie financière et d’un contrôle direct sur la gestion de son personnel. Il s’est déclaré “surpris de voir comment le gouvernement de Saxe traite son histoire et son héritage”.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°169 du 18 avril 2003, avec le titre suivant : Le directeur des musées de Dresde sort de sa réserve

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