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Restructuration

L’avenir incertain du Musée de Dunkerque

DUNKERQUE

Le Musée des beaux-arts a été brusquement fermé il y a six mois, sans que la municipalité n’explique clairement ce qui va advenir des 24 000 pièces de la collection.

DUNKERQUE - Depuis le 1er avril, le Musée des beaux-arts de Dunkerque est fermé au public. Il contient toujours les 24 000 œuvres et objets de la collection municipale, typique des musées encyclopédiques du XIXe siècle : aux peintures flamandes, hollandaises et françaises des XVIIe et XVIIIe siècles s’ajoute un important fonds ethnologique, notamment d’Océanie, qui fait du musée un prêteur régulier du Quai Branly. Mais le bâtiment changera bientôt de vocation pour accueillir la nouvelle médiathèque, l’actuelle végétant dans un édifice vétuste et inadapté. Néanmoins, celle-ci reste ouverte au public en attendant son déménagement qui tarde : le musée est fermé, mais les travaux n’ont pas commencé. L’appel d’offres pour la maîtrise d’œuvre a été lancé au début de l’été et clôturé le 25 août, mais pas encore dépouillé.

Cependant, le personnel garde une activité. D’abord, les employés avaient la particularité de tous travailler en double mi-temps pour le musée et pour l’institution voisine, le Lieu d’art et d’action contemporaine (LAAC), qui reste ouvert. Par ailleurs, ils procèdent au recollement des collections, commencé il y a plusieurs années comme dans tous les musées de France. Quoi qu’il en soit, la mairie a demandé à chacun de préparer un déménagement dont on ignore encore la destination. Cet étrange calendrier révèle une méthode qui pose question.

Une fermeture à la hussarde
Six mois après son élection, en mars dernier, le maire de Dunkerque Patrice Vergriete a formulé son projet culturel pour la ville. Il s’agit de répartir les structures culturelles selon trois pôles d’activités mieux identifiés. Le Laac et le Frac (Fonds régional d’art contemporain) Nord Pas de Calais formeront le noyau de la « création contemporaine ». La médiathèque et le théâtre formeront le second pôle, tandis que le Musée des beaux-arts déménagera vers l’actuel musée portuaire, pour former un « pôle muséal ville port », dans le quartier de la Citadelle, au sein d’entrepôts actuellement propriété du Conseil général. L’idée est d’unifier les deux musées par un accrochage commun. Ce projet, légitime sur le papier, a pourtant été imposé sans ménagement.

Le 1er avril, le musée a prévu de fermer deux mois pour des travaux de réfection. Par un simple coup de téléphone, le 27 mars, le maire informe la directrice d’alors, Aude Cordonnier, que le musée ne rouvrira pas en juin comme prévu. Selon un ancien collaborateur, « elle est sous le choc mais, tenue au secret, elle n’avertit que ses plus proches collaborateurs ». Le 1er avril, le maire vient annoncer au personnel, abasourdi, la fermeture définitive au public et la future affectation du bâtiment. Il explique que la mairie travaille à un projet pour permettre au musée de rouvrir, ailleurs, plus tard. Pas un instant la direction n’a alors été consultée quant à son avenir.

Questions en suspend
Pourquoi cette précipitation ? Pourquoi ne pas attendre le début des travaux pour fermer ? Pourquoi ne pas avoir recherché en amont un lieu adéquat en prévision du déménagement ? Michel Tomasek, l’adjoint à la culture, explique la soudaineté de la décision : « La bibliothèque prenait l’eau, posant d’importants problèmes de conservation. » Pourtant, elle est encore ouverte et son fonds n’a pas bougé. Y avait-il un problème avec le musée ? « La fréquentation était insuffisante, en regard d’un coût de fonctionnement trop important. » Il explique pourtant que « la fermeture ne répond pas à un impératif économique, puisque les coûts sont constants, les équipes étant conservées ».
La direction actuelle du musée n’a pas souhaité commenter la situation, préférant « consacrer son énergie au recollement et à la préparation du déménagement, se tenant à la disposition de la mairie pour travailler sur le futur musée ». Tout juste a-t-on reconnu que le personnel avait souffert des incertitudes pesant sur l’institution. À la Direction régionale des affaires culturelles, on s’interroge sur le planning et la méthode, mais on respecte les choix municipaux. Personne ne connaît avec certitude l’avenir du Musée des beaux-arts de Dunkerque. Selon l’adjoint à la culture, le bâtiment envisagé « nécessitera d’importants travaux ».

Légende photo

Le Musée des beaux-arts de Dunkerque. © Ville de Dunkerque.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°442 du 2 octobre 2015, avec le titre suivant : L’avenir incertain du Musée de Dunkerque

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