L’Australie à l’heure libérale

Désengagement de l’État dans le domaine artistique

Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1997 - 487 mots

Le gouvernement australien issu de la coalition libérale-nationale élue en mars 1996 a décidé de réduire les subventions destinées aux arts plastiques et de­mande aux artistes et aux institutions concernées d’assurer leur indépendance et d’apprendre à s’exporter.

SYDNEY - La coalition libérale-nationale au pouvoir en Australie depuis le mois de mars 1996, notamment grâce au vote des petits commerçants et des agriculteurs, vient d’annoncer qu’elle ne pouvait plus subventionner les arts dans les proportions où le faisait le précédent gouvernement. Ses membres sont aujourd’hui bien décidés à demander des comptes à l’administration, après avoir dénoncé durant les treize années passées dans l’opposition "ses effectifs pléthoriques et son irresponsabilité".

Le premier organisme public à subir le contrecoup de ce changement de cap est l’Australia Council. Le nouveau ministre fédéral de la Commu­nication et des Arts, le sénateur Richard Alston, a décidé de lui retirer le contrôle de l’importante Aus­tralian Foundation for Culture and the Humanities, dont la mission est d’aider à la mise en œuvre de projets culturels, soit en les finançant, soit en collectant les fonds nécessaires à leur réalisation. La fondation sera privatisée. "Nous avons décidé de réorienter son activité afin d’inciter les entreprises, les fondations privées et les donateurs individuels à contribuer au développement de la Culture, a déclaré le sénateur Alston. Face au nombre croissant des demandes de subvention, nous nous voyons contraints d’obtenir des financements mixtes, publics et privés."

Culture et commerce
Le ministre émet également quelques réserves sur la capacité de l’Australia Council à promouvoir l’art australien à l’étranger : "Si nous devions monter une exposition d’art aborigène à Santa Fe, j’aurais davantage confiance en quelqu’un qui connaît la ville et qui y a déjà organisé avec succès une manifestation, que dans la bonne volonté de bureaucrates australiens…" Ce que conteste le directeur de l’Australia Council, Michael Lynch : "Nous sommes les mieux placés pour savoir ce qui est approprié ou pas pour nos expositions à l’étranger, quels sont les organismes à contacter et les personnes les mieux à même de mener à bien les différentes missions". Sur ce sujet, l’un des responsables de la fondation, Kevin Munn, estime que "les entreprises australiennes doivent prendre conscience de l’importance d’une réciprocité culturelle entre leur pays et ceux avec lesquels elles traitent, dans la région Asie-Pacifique en particulier. Sans compréhension culturelle mutuelle, leurs tractations commerciales risquent de s’en ressentir". Il souhaite en conséquence "un plus grand engagement des sociétés commerciales en faveur des arts, de meilleures incitations fiscales, ainsi que l’acceptation par la communauté artistique qu’il est de son intérêt d’établir des relations plus étroites avec ce type de partenaires."

Richard Alston a précisé enfin que les artistes et les organismes qui bénéficieront d’une aide publique auront désormais des comptes à rendre. "Certains n’ont pas suffisamment à l’esprit la notion de responsabilité : le gouvernement a besoin de savoir si les bénéficiaires de subventions publiques sont viables et si leurs actions sont menées avec efficacité".

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°32 du 1 janvier 1997, avec le titre suivant : L’Australie à l’heure libérale

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