L’art ne gagne pas le gros lot

Le succès de la loterie britannique profite peu aux musées

Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1995 - 672 mots

Le British Museum a acquis la première œuvre d’art achetée en partie grâce aux fonds récoltés par l’Heritage Lottery Fund. Mais malgré les millions apportés par la Loterie nationale, les subventions du National Art Collections Fund demeurent indispensables aux musées britanniques qui souhaitent acquérir de nouvelles œuvres.

LONDRES (de notre correspondante) - Le monde artistique anglais attendait avec impatience de voir quelle serait la première œuvre d’art à bénéficier des millions récoltés par la Loterie nationale britannique, lancée en novembre 1994.

Le mois dernier, c’est-à-dire bien après les premières subventions accordées aux arts du spectacle et au sport, le British Museum a annoncé l’acquisition d’un double dessin de Marco Zoppo (1433-1478), grâce à une subvention de 245 000 livres (1,9 million de francs) de l’Heritage Lottery Fund (HLF), et une autre de 100 000 livres (790 000 francs), allouée par le National Art Collections Fund (NACF).

Les subventions du HLF n’étant accordées au demandeur que s’il a réuni une partie de la somme nécessaire, le rôle du NACF demeure indispensable aux nombreuses institutions artistiques britanniques qui souhaitent bénéficier des sommes considérables dont dispose l’HLF.

Le rapport annuel du NACF passe en revue la politique d’acquisitions de quatre-vingts musées britanniques, régionaux et nationaux. Pour une somme d’investissements évaluée à quelque 21 millions de livres (166 millions de francs), le NACF a débloqué 3 722 000 livres (29,4 millions de francs), dont 2,5 millions de livres (19,7 millions de francs) pour des acquisitions.

L’achat des Trois Grâces
La subvention la plus importante s’est élevée à 500 000 livres (3,9 millions de francs), pour l’achat, très critiqué dans la presse, des Trois Grâces de Canova, au bénéfice conjoint du Victoria and Albert Museum et des National Galleries of Scotland d’Édimbourg.

Les subventions du NACF sont en général assez modestes, mais permettent néanmoins à des institutions d’acheter des œuvres d’art particulièrement importantes pour elles : ainsi le Portrait de Robert Sothey, acquis par le musée de Wordsworth pour 6 900 livres (55 000 francs), ou The Royal William victualling yard at Plymouth de William Williams, acheté 9 584 livres (76 000 francs) par le musée de Plymouth, grâce à une subvention de 2 792 livres (22 000 francs).

L’argent du NACF permet ainsi à des conservateurs de musée dépourvus, ou presque, de budget d’acquisitions de conserver quelques espoirs de collection. Dans son rapport, le NACF souligne qu’il a rejeté 76 des 222 demandes de subventions, pour des raisons de prix, de conditions ou de statut des œuvres, ou tout simplement sur des critères de qualité.

Un sixième des subventions pour l’art

La publication, le mois dernier, de la seconde tranche des subventions accordées par l’Heritage National Fund (HLF) déçoit les espérances nourries par le monde de l’art depuis le lancement de la Loterie nationale, au mois de novembre 1994.
Pour cette seconde "distribution", l’HNF a accordé 5,1 millions de livres (40 millions de francs) – sur un total de 30 millions de livres (240 millions de francs) – à une liste de dix-huit projets concernant la sauvegarde du patrimoine et les beaux-arts. Le bilan des subventions accordées dans ce domaine depuis la création de la Loterie nationale se répartit désormais ainsi : huit subventions pour les musées, cinq pour l’archéologie industrielle et l’histoire des échanges commerciaux, quatre pour les bâtiments historiques, quatre pour l’environnement, trois pour les églises, une pour l’acquisition des archives de Churchill, et une seule pour l’achat d’une œuvre d’art, le dessin de Marco Zoppo acquis par le British Museum.
Les aides accordées aux musées vont principalement aux petites institutions, comme par exemple au Musée municipal de Gillingham qui s’est vu attribuer 15 000 livres (118 000 francs). "Ce type de projet bénéficie du soutien de la population et c’est exactement ce que nous souhaitons encourager", a déclaré lord Rothschild, président du HLF.
À l’heure actuelle, l’HLF a reçu quatre cents candidatures et le montant des demandes de subventions s’élève à 204 millions de livres (1,6 milliard de francs). La liste des prochains projets subventionnés sera publiée au mois de juillet et à l’automne.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°16 du 1 juillet 1995, avec le titre suivant : L’art ne gagne pas le gros lot

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