Sinistre

L’art britannique décimé

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 11 juin 2004 - 387 mots

Un incendie a détruit une partie de la collection de Charles Saatchi.

 LONDRES - Un incendie a ravagé le 24 mai le complexe industriel de Cromwell Estate, situé à Leyton, à l’est de Londres, où se trouvaient les entrepôts de Momart, société réputée de stockage et de transport d’œuvres d’art. Seules deux des nombreuses pièces appartenant à divers collectionneurs et galeries ont échappé aux flammes. D’après Eugène Boyle, directeur général de Momart, l’incendie s’est déclaré au petit matin à la suite d’un cambriolage dans un entrepôt mitoyen contenant des « montres, ordinateurs et téléphones portables », réduisant en cendres l’ensemble des bâtiments du complexe.
Damien Hirst aurait perdu dans le sinistre de nombreuses pièces de sa collection personnelle, parmi lesquelles 16 de ses propres tableaux, mais aussi des travaux de Gary Hume, Sarah Lucas et Angus Fairhurst. Charity, sa sculpture en bronze de 6,70 mètres de haut, a en revanche été protégée par un mur, lequel menace aujourd’hui de céder. Pour raison de confidentialité, Momart n’a pas nommé la seconde œuvre rescapée. Une cinquantaine des plus importants tableaux tardifs du peintre britannique Patrick Heron, entreposés par sa famille, ont également disparu sous les flammes. Mais c’est le collectionneur Charles Saatchi, « absolument effondré » selon ses proches, qui a essuyé les plus lourdes pertes. Parmi la centaine de pièces parties en fumée, figurent des œuvres emblématiques des Young british artists (Damien Hirst, Sarah Lucas, Chris Ofili, Rachel Whiteread, Gavin Turk…), plus particulièrement Everyone I Have Ever Slept With 1963-1995, de Tracey Emin et Hell (Enfer), de Jake et Dinos Chapman.
« Beaucoup de ces pièces étaient les préférées de Charles Saatchi et représentent une perte irremplaçable pour l’histoire de l’art britannique », a déclaré Will Paget, porte-parole de la Saatchi Gallery. Pour leur part, les frères Chapman ont fait savoir par le biais du quotidien The Daily Telegraph que Hell était « seulement de l’art » et qu’ils pouvaient à nouveau le réaliser. Si Momart n’a pas souhaité chiffrer l’importance des dégâts, la perte est estimée à 50 millions de livres sterling (75 millions d’euros). La société compte également parmi ses clients la National Gallery, les Tate Modern et Tate Britain et le palais royal de Buckingham, qui auraient tous été épargnés par l’incendie. Les entrepôts détruits représentent 5 à 10 % de sa capacité de stockage.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°195 du 11 juin 2004, avec le titre suivant : L’art britannique décimé

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