Ukraine - Patrimoine

La fondation Aliph va financer la protection du patrimoine ukrainien 

Par Olympe Lemut · lejournaldesarts.fr

Le 11 mars 2022 - 476 mots

L’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit va débloquer deux millions de dollars.

Pour Valéry Freland, directeur exécutif de L'Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH), « nous sommes confrontés à une course contre la montre » en Ukraine. En effet, les premières offensives russes sur les villes ukrainiennes ont touché des lieux culturels et des sites patrimoniaux, dont le mémorial juif de Babi Yar à Kiev menacé par des bombardements à proximité et un musée d'art naïf à Ivankiv.

Valéry Freland explique que l’Aliph « a reçu une vingtaine de projets, essentiellement de protection de musées, et nous nous employons à y répondre le plus rapidement possible ». Désormais acteur central de la protection du patrimoine, la fondation de droit suisse a été sollicitée par les institutions ukrainiennes, via « les professionnels ukrainiens (conservateurs, universitaires, archéologues), avec lesquels nous sommes en contact direct et constant » précise Valéry Freland. 

Il cite quatre projets de protection de musées dans l'ouest de l'Ukraine, une zone pour l'instant épargnée : Aliph tente d'intervenir en prévention, « là où c'est possible ». D'ores et déjà la fondation a avalisé quatorze projets dans le sud et l'ouest de l'Ukraine, en partenariat avec des institutions internationales comme le Bouclier bleu et Icomos

Quelles sont les particularités de ce conflit du point de vue patrimonial et archéologique ? Pour Valéry Freland « le patrimoine ukrainien est unique, de par sa profondeur historique et sa diversité culturelle et religieuse », puisque le pays héberge des sites datant de l'Antiquité à la période baroque, des centaines d'églises et des dizaines de musées. En outre, l'Ukraine compte sept sites inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco, dont la cathédrale Sainte Sophie de Kiev. L'Unesco a d'ailleurs annoncé une réunion en urgence sur la situation en Ukraine, et scrute de près les destructions. 

Mais c'est la première fois que l’Aliph et les organisations internationales peuvent intervenir « au cœur d'un conflit pour soutenir des mesures de prévention » selon Valéry Freland. Car l’Aliph jusqu'à présent finançait des projets dans des zones de guerre après les combats, comme en Irak après la chute de l'État Islamique en 2017.

La tâche est immense, car de nombreux musées et sites patrimoniaux ne pourront pas être protégés à temps en cas d'offensive coordonnée sur les villes ukrainiennes. Valéry Freland insiste sur la nécessité de « renforcer toujours plus le travail d'inventaire, de documentation et de préparation à ce type d'événement »

Si l'Ukraine peut compter sur la solidarité internationale et l'aide de ses voisins, notamment la Pologne pour protéger son patrimoine, certaines villes du sud se préparent déjà à une attaque des troupes russes : dans le centre d'Odessa, la statue en bronze du duc de Richelieu, gouverneur de la ville entre 1804 et 1815, a été entourée de dizaines de sacs de sable, et le musée des beaux-arts a déménagé ses collections dans les sous-sols.

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