La Fiac tiraillée entre global et local

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 15 octobre 2013 - 751 mots

Entre stratégie globale et soutien impérieux au marché local, la liste des galeries de la foire parisienne
illustre la difficulté de trouver un juste équilibre.

Chaque année, la liste des galeries invitées à participer à la Fiac est annoncée dans la douleur. Elle suscite parmi les candidats français éconduits son lot de mécontents, qui évoquant un manque de soutien à la scène locale, qui dressant l’inventaire des bonnes enseignes refusées et de celles dont la foire aurait fort bien pu se passer, pendant que la direction de la manifestation défend bec et ongles une ouverture toujours plus marquée vers l’international. Dans ce concert, tous disposent d’arguments.
L’internationalisation accrue de la foire au cours de la décennie écoulée est ce qui sans conteste la propulse parmi les meilleures. Elle lui a redonné son lustre grâce à un nécessaire ménage qui lui assurait progressivement la montée d’une audience et la présence d’exposants de premier ordre venus du monde entier, repositionnant ainsi la Fiac dans le peloton de tête des foires. Les deux dernières éditions ont montré une manifestation à son apogée, avec des propositions solides, des participants de haut vol, des découvertes et une belle qualité d’ensemble. Pourtant, cette année encore, manquent à l’appel quelques enseignes nationales dynamiques, aux programmes soignés, qui défendent de bons artistes et/ou des esthétiques cohérentes.

De manière incompréhensible, certains ne parviennent toujours pas à entrer quand d’autres se sont fait débarquer sans pourtant avoir démérité lors de leur passage sur le salon. En outre, cette nouvelle mouture signe la quasi-disparition de la province, qui n’est plus représentée que par Pietro Sparta (Chagny) – Cortex Athletico ayant ouvert une antenne à Paris il y a un an ; c’est peu ! Évincée, Catherine Issert (Saint-Paul de Vence) relève : « J’ai été la première à exposer John Armleder dans l’Hexagone, je travaille avec [Pier Paolo] Calzolari depuis 1980 et je continue sans cesse à intégrer des jeunes artistes à mon programme. Que faire de plus ? La Fiac a pris toute l’allure et les qualités d’une grande foire, un remarquable travail qualitatif a été fait. Je suis consciente qu’il y a de plus en plus de bonnes galeries et que les places ne sont pas extensibles, mais de bonnes enseignes de statut moyen ne sont pas réintégrées et c’est regrettable. »
D’autant que dans un marché toujours extrêmement tendu où nombre de collectionneurs désertent les galeries, la participation aux foires est essentielle, tant économiquement qu’au regard de la réputation. Un galeriste éconduit déplore ainsi : « J’ai senti à quel point la Fiac est une instance de légitimation symbolique avant d’être une opération commerciale. Le regard des gens sur la galerie a changé, ou même, a commencé à exister. » « Effectivement il y a des gens de qualité qui ne sont pas là. Il n’y a pas d’ostracisme mais un problème de place, plaide Natalie Seroussi, membre du comité de sélection. Il a fallu répondre à une demande très importante des galeries américaines qui trouvent Paris plus intéressante que Londres. »

30 % de galeries françaises
Avec 54 participants sur un total de 184 exposants, la représentation française flirte de manière honorable avec les 30 %, accusant néanmoins une légère baisse par rapport à 2012, quand 61 enseignes nationales, sur un total de 182, avaient été de la fête. Si le différentiel peut paraître négligeable, il ne l’est point, car au vu de la liste de 2013 il s’en faudrait de peu pour assurer une représentation à certaines absences incompréhensibles, moins d’une dizaine peut-être. D’autant que, si l’on peut se réjouir d’évoluer dans une manifestation affichant un profil à la fois jeune et mature, les noms de certains participants prêtent à sourire ; ils donnent plutôt l’impression de vouloir s’assurer une place dans le concert de la branchitude. D’autres, américaines notamment, ont une visibilité pour le moins obscure. De même, la présence de 18 galeries berlinoises est-elle absolument nécessaire ? Tant qu’à être prospectif, ne vaudrait-il pas mieux s’ouvrir vers plus de territoires méconnus ou peu représentés ? Et l’arrivée de Neugerriemschneider (Berlin) ou d’Andrea Rosen (New York), certes des poids lourds de la profession, va-t-elle changer quelque chose à l’image ou à la qualité de la Fiac ? Probablement pas.
Évoquée par quelques professionnels, l’extension de la foire dans un nouveau lieu en plus du Grand Palais, au risque de la rendre indigeste, n’apparaît pas nécessairement comme une solution viable.
Entre local et global, la résolution de l’équation et le maintien des équilibres sont loin d’être évidents.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°399 du 18 octobre 2013, avec le titre suivant : La Fiac tiraillée entre global et local

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