La féminisation continue à progresser dans la culture

Si le secteur culturel emploie depuis longtemps (un peu) plus de femmes (49 %) que le reste de la population active (48 %), il est aussi plus exemplaire dans la part des femmes dans les postes de direction. Tout du moins dans les arts visuels et le patrimoine. C’est l’un des enseignements de l’Observatoire 2021 de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication.

L’observatoire du ministère de la culture est d’ailleurs lui-même exemplaire. Depuis 10 ans, il actualise une centaine d’indicateurs très détaillés sur l’année précédente, publiés très tôt dans l’année, juste à temps pour la Journée internationale des femmes. Une volonté de transparence que l’on aimerait bien voir, soit dit en passant, à l’œuvre dans d’autres domaines comme la fréquentation des lieux culturels par exemple.

Très largement majoritaires dans les écoles d’art (67 %), les femmes rattrapent progressivement leur retard dans les métiers de graphistes, artistes, peintres, sculpteurs tel que mesuré par le nombre d’affiliés (46 %) à la Maison des artistes. Symboliquement, on retiendra que c’est en 2018 (dernier chiffre connu) qu’il y a autant d’artistes plasticiens femmes que hommes alors que la sculpture reste très majoritairement (62 %) masculine.

Le volontarisme continue à produire ses effets dans l’accession des femmes aux postes de direction. Tous les indicateurs progressent notamment lorsque c’est l’Etat qui décide. On le voit bien dans les nominations ou renouvellements récents (Rose-Marie Mousseaux, Amélie Simier, Catherine Chevillot, Marie-Christine Labourdette) qui s’efforcent de respecter une stricte parité au point que les femmes sont aujourd’hui plus nombreuses dans les directions de musées nationaux avec un gain de 27 points d’une année sur l’autre et les opérateurs gérés en direct par le ministère (les Services à compétence nationale) avec un gain de 22 points.

Comme le montre notre vaste enquête sur le profil des directions des FRAC et centres d’art, celles-ci sont très majoritairement des femmes, expliquant des évolutions stables ou en baisse entre 2020 et 2019.

La parité est également une règle respectée dans la désignation des membres des conseils d’administration des opérateurs publics ou des présidences à l’instar récemment de Camille Morineau à l’Ecole du Louvre et de Katie Cotellon, à l'Ecole nationale supérieure de création industrielle.

Comme déjà souligné l’an dernier, toutes les femmes ne sont pas féministes. Cela est manifeste dans la part des femmes dans les acquisitions des FRAC et les expositions monographiques alors que les directions de ces lieux sont très majoritairement occupées par des femmes. Cela est d’autant plus curieux, que si l’on peut comprendre qu’il soit difficile de maintenir la parité dans les acquisitions et programmations des musées compte tenu de l’histoire de l’art, cet argument n’est plus valide pour la création contemporaine.

Reste un domaine où les statistiques sont difficiles à établir : celui de la reconnaissance du travail des femmes dans la culture. L’observatoire apporte quelques chiffres sur ce qui est le plus facilement mesurable : les prix et distinctions. Ainsi le nombre de femmes nommées chevalier dans l’ordre des arts et des lettres ne cesse d’augmenter pour atteindre 48 % en 2020. Mais l’écart de rémunération entre hommes et femmes est plus difficile à mesurer si l’on veut comparer ce qui est comparable. Le service des études du ministère s’est livré à une analyse très fine pour comprendre l’écart de rémunération des 9 652 agents du ministère. Cet écart est de 271 € en défaveur des femmes pour une rémunération moyenne mensuelle de 2 933 € (soit 8 % de moins que la rémunération des hommes). Il en ressort que 42 % de cet écart est dû à « l’effet démographique qui mesure le fait qu’à un âge identique, les femmes se trouvent statistiquement dans les grades et échelons inférieurs à ceux de hommes ».