La crise vue par des marchands de Hong Kong

La crise vue par des marchands de Hong Kong.

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 13 mars 1998 - 481 mots

D’après Alice Yuan Piccus, consultante privée et directrice de Marlborough Fine Arts, les valeurs sûres, comme l’artiste Chen Yi Fei, continuent de se vendre, mais le volume des transactions a diminué.

  “Nous considérons que c’est le moment de nouer des relations avec les collectionneurs et d’apprendre à les connaître.” Alice Yuan Piccus observe par ailleurs qu’elle ne voit pas beaucoup d’œuvres revenir sur le marché. “Les grands collectionneurs gardent leur stock en attendant que la situation s’améliore. Les appels que je reçois en ce moment viennent davantage de gens en quête de bonnes affaires que de vendeurs.”

Stephen McGuinness, chez Plum Blossoms, galerie spécialisée en art contemporain chinois, est pour sa part surpris de l’augmentation du volume des affaires depuis le début de l’année chinoise. “Lors de la chute de la bourse en Indonésie, début janvier, les gens ont pris peur, mais janvier est généralement une période très calme pour le marché de l’art.” Peut-être qu’en se retirant du marché, les investisseurs se retrouvent soudain avec des liquidités et ont alors tendance à dépenser davantage, ce qui expliquerait la brusque amélioration intervenue début février, estime Stephen McGuinness. Mais il ne s’attend pas vraiment à une bonne année pour l’Asie.

Johnson Chang (Hanart) reconnaît qu’avec les frais généraux imposés par Hong Kong, il “est pris de panique chaque mois”, même si, en janvier, les ventes se sont bien maintenues en dépit de l’humeur morose. D’après lui, les clients de Johnson, jeunes citoyens fortunés de Hong Kong de la seconde génération et riches expatriés, ne se risqueront pas dans l’acquisition “d’œuvres d’art plus audacieuses tant que l’atmosphère ne s’améliorera pas”.

Grace Wu Bruce, la grande spécialiste des meubles en bois dur des XVIe et XVIIe siècles, fait les mêmes observations pour le marché haut de gamme des antiquités. Mais elle note que la récente publication de son catalogue a reçu de très nombreuses réponses. Depuis la fin janvier, “je reçois sans arrêt des appels de collectionneurs de Hong Kong, de Taiwan et du monde entier. Le marché de l’art chinois se porte bien”.

Pour Anthony Lin, directeur adjoint de Christie’s Asie, les ventes aux enchères attirent des acheteurs de toute la région. Il note déjà une nette augmentation des dépôts d’argenterie et de jadéite. “Nous observons une amélioration – à la fois en valeur et en nombre de lots – dans les dépôts en provenance de Thaïlande et d’Indonésie, particulièrement dans le domaine de la joaillerie”.
Néanmoins, sa société procédera avec prudence cette année. Les objets mis en vente seront choisis avec soin, de façon à répondre précisément à la demande, et les prix resteront modérés. Anthony Lin est optimiste, car il pense que “le prix de l’art de qualité fait souvent office de valeur arbitre sur les marchés internationaux.” Sans chercher à prédire les résultats des prochaines ventes, beaucoup sentent que, dans cette ville de parieurs, les chasseurs d’affaires seront légion.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°56 du 13 mars 1998, avec le titre suivant : La crise vue par des marchands de Hong Kong

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