« La Beauté » fatale à la Mission 2000 en France (part I)

Un déficit estimé à 35 millions de francs

Par Olivier Michelon · Le Journal des Arts

Le 5 janvier 2001 - 535 mots

À l’heure du troisième millénaire, la Mission 2000 en France a tiré un bilan positif de son action, des Grandes Roues à l’Incroyable Pique-Nique. Seule ombre au tableau, un déficit estimé à 35 millions de francs engendré par « La Beauté », exposition phare des célébrations culturelles.

PARIS - Souvenez-vous l’an 2000, ses 2,5 millions de pique-niqueurs le long de la Méridienne verte (saucisson et vin rouge pour tous), ses Grandes Roues à 70 millions de francs qui ont illuminé les Champs-Élysées le temps d’une Saint Sylvestre, ses deux cent mille auditeurs de l’Université de tous les savoirs... En tout, la Mission 2000 en France a disposé de 471 millions de francs pour mener à bien ses projets. Cagnotte où vient malheureusement se greffer un déficit de 35 millions engendré par “La Beauté”, manifestation d’un budget initial de 58 millions de francs. Président de la Mission 2000 en France, Jean-Jacques Aillagon parle d’une “précipitation” et d’un “emballement des dépenses” pour expliquer ce chiffre. Selon Jean de Loisy, commissaire général de l’exposition et initiateur du projet, les torts sont à partager (lire notre entretien) entre la Mission 2000 en France et la municipalité avignonnaise. Ce dernier va d’ailleurs intenter contre son employeur, la Mission 2000, un recours aux prud’hommes pour atteinte à son image. Administrateur de la Mission 2000 en France, Serge Louveau, qui remplace François Laquièze, parti en septembre, indique que le déficit a été creusé à un tiers (entre 10 et 15 millions de francs) par une surestimation des recettes : les produits dérivés n’ont pas eu le succès escompté et les 180 000 entrées payantes (pour comparaison, la Biennale de Lyon en a réalisé 110 000) n’ont pas suffi. Les vingt millions occasionnés par des dépassements peuvent être imputés à l’insuffisance de l’équipe déléguée sur place, aux aléas qu’a connu le site du Transfo, en partie inondé quelques jours avant son inauguration, ou encore à des investissements techniques plus importants que prévus dans le palais des Papes. L’Association pour la célébration de l’an 2000 a commandé une enquête aux services d’inspection des ministères de la Culture et des Finances pour clarifier le déficit financier.

Autant de mésaventures qui s’ajoutent à la faible collaboration entre la Mission 2000 en France et la municipalité d’Avignon, cruellement pointée par les échecs du Skate-park de Vito Acconci et du Pavillon Gourmand de Gaetano Pesce, deux projets pour lesquels la commune était maître d’ouvrage. Le premier a été annulé rapidement par décision municipale, le second à la suite du recours d’un élu vert de la ville. Les travaux (lire le JdA n° 106, 26 mai 2000), déjà largement avancés (avec l’aval de la préfecture), avaient lieu sur une surface non constructible. L’imbroglio a fait l’objet d’une expertise commandée par Matignon, et aujourd’hui dans les mains de RMG, la société d’économie mixte qui gère le palais des Papes. Le rapport préconise un allègement de l’intervention pour lequel l’architecte doit être consulté, mais les échéances municipales laissent peu d’espoir sur la résolution du conflit.
Seule bonne nouvelle d’Avignon, Giuseppe Penone a décidé de faire don au Centre Georges-Pompidou de Respirare l’ombra, une des pièces les plus marquantes de “La Beauté in fabula” au palais des Papes, souvenir d’une exposition réussie.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°118 du 5 janvier 2001, avec le titre suivant : « La Beauté » fatale à la Mission 2000 en France (part I)

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