Jules de Balincourt - Parcours sans faute

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 15 avril 2014 - 529 mots

Sa longue et fine silhouette se déplace avec la nonchalance et l’assurance des garçons de bonne famille.

Pour comprendre la personnalité de ce peintre français qui enchaîne les records, affole les collectionneurs parmi les plus prestigieux comme les Rubell ou les de la Cruz, le mieux est d’observer et de discuter avec sa maman. Fidèle admiratrice, installée en Californie, mais encore diablement française, elle frappe par sa liberté d’esprit et une volonté que l’on devine indomptable, des qualités qu’elle a indéniablement léguées à son fils. Elle essaie d’être là pour les grands moments, comme à Montréal en novembre dernier au Musée des beaux-arts pour une exposition personnelle.

Jules de Balincourt s’est installé avec elle sur la côte ouest américaine lorsqu’il avait dix ans. Il aborde la peinture avec ce cool Californien qui empreint si fortement la scène locale bien que, depuis le début des années 2000, c’est de Brooklyn qu’il rayonne. Représenté par Thaddaeus Ropac en France, Victoria Miro à Londres et Zach Feuer à New York, le jeune quadragénaire enchaîne avec maîtrise des grands formats tantôt explosifs, tantôt mystérieux que le Musée de Rochechouart présente aujourd’hui. Ses influences sont diffuses, ses sources et ses sujets éclectiques, voire ésotériques. Jules de Balincourt n’a pas une peinture facile à cerner, mais elle est reconnaissable. Il ne boudait pas son plaisir de revenir dans la métropole montréalaise pour assister en janvier dernier au vernissage de Peter Doig et de savourer la simultanéité de leurs expositions. D’ailleurs, le conservateur québécois Stéphane Aquin voit en Jules de Balincourt son digne successeur. Mais l’héritier présumé garde une certaine distance par rapport à son maître putatif, naviguant entre l’abstraction et la figuration, une certaine délectation encore palpable dans ses scènes de foule ou ses situations géopolitiques.

Un grand peintre américain… français
Il y a dix ans, le jeune peintre déclarait au New York Magazine qu’il en avait marre d’être l’outsider alors même qu’en 2005 il participait à « Greater New York », exposition prospective du P.S.1 qui fit événement, et exposait déjà pour la deuxième fois chez Feuer. Cette détermination et cette confiance en soi expliquent sûrement une trajectoire sans faute et les prix conséquents auxquels se vendent ses toiles. L’originalité de sa peinture qui sait échapper à une inflation de citations visuelles ou stylistiques y est aussi pour beaucoup. Cependant, Jules de Balincourt ne court pas après les mondanités du marché. Il préfère même faire de son atelier de Bushwick, le hub d’une foire dissidente de deux jours aux mêmes dates qu’Art Basel en 2012. Une petite dizaine de galeries de ce quartier de Brooklyn avaient répondu à l’invitation du peintre à exposer dans son atelier surnommé Starr Space. Mais Jules de Balincourt est en train de passer un cap, les reconnaissances institutionnelles depuis un an en attestent, la France a un grand peintre américain dans ses rangs. 

Repères

1972
Naissance à Paris

1998
Diplômé du California College of Arts and Crafts à San Francisco

2004
Participation à l’Armory Show à New York

2005
Diplômé de l’Hunter College de New York

2011
Exposition « Worlds Together, Worlds Apart » à la Galerie Thaddaeus Ropac, à Paris

2013
Exposition personnelle au Musée des beaux-arts de Montréal

« Jules de Balincourt. Misfit Island »

Jusqu’au 8 juin. Musée départemental d’art contemporain de Rochechouart (87). Jusqu’au 1er octobre, ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 10 h à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 h. Tarif : 4,60 €
Commissaire : Annabelle Ténèze
www.musee-rochechouart.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°668 du 1 mai 2014, avec le titre suivant : Jules de Balincourt - Parcours sans faute

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