Architecture

Jean Nouvel, du concept au contexte

Par Nicolas Jankovic · L'ŒIL

Le 1 février 2002 - 552 mots

Sur la scène internationale depuis plus de vingt ans, Jean Nouvel n’a pas fini de faire parler de lui.

Né dans le Sud-Ouest en 1944, l’architecte parisien est un bon vivant, habitué de la féria de Nîmes, de la bonne chère et du monde de la nuit. En France, il s’est fait connaître pour de très nombreux projets qui, réalisés ou non, ont fait date. Parmi eux, des « icônes » de l’architecture contemporaine ont marqué plus d’une génération d’étudiants.

Bien sûr l’Institut du Monde arabe (1981-87) avec sa façade Sud composée de diaphragmes motorisés faisant office de moucharabieh ou encore les logements sociaux Nemausus à Nîmes (1985-87) avec appartements en duplex bruts de décoffrage et façades composées de portes de garage décorées d’une signalétique autoroutière. Mais il y a aussi les 400 mètres de la Tour sans Fin (1990), cigare tellurique surgissant de la croûte de La Défense pour se dégrader jusqu’à l’immatériel. Et encore les réalisations majeures que sont la Fondation Cartier a Paris (1990-94) ou le nouvel Opéra de Lyon (1992-97). On l’a souvent dit, Jean Nouvel est un architecte du concept et du contexte, de la dématérialisation et de la transparence, de la lumière et de l’image. Ainsi a-t-il scénographié sa propre exposition au Centre Georges Pompidou « A son image ». Une exposition à l’image de l’architecture elle-même, de l’homme et de ses caprices. Mi-ange mi-démon, Nouvel est un créateur démiurgique (demiourgos signifie « architecte » en grec et désigne le dieu architecte de l’univers chez les Platoniciens). Il a organisé une succession de cinq séquences sans dessins ni maquettes : la chambre noire fait surgir l’espace de l’obscur, du trou noir, de l’antimatière... Et la lumière fuse ! Iconoclaste et iconophile dans le même geste. Ainsi en va-t-il de la première salle, kaléidoscope fonctionnant comme un sas d’immersion. Dans la suivante, sont présentées les mutations de projets conçus par ordinateur, au nombre desquels le Centre culturel de Saint-Jacques de Compostelle (1999), le Centre d’Art contemporain de Rome (1999), le Kyriat Arieh à Tel Aviv (1999), le Musée de l’Evolution humaine de Burgos (2000), le Guggenheim Temporary Museum of Art (2001) ou encore deux hôtels à New York que Nouvel aura eu la chance, si l’on peut dire, de ne pas construire : le River Hotel à Brooklyn (1999) et le Soho Hotel de Broadway (2001). Ensuite, on traverse un « couloir polémique » ou sont présentés ses projets pour le Quartier Austerlitz Salpetrière (1993) ou le Stade de France (1994) auxquels nous aurions pu ajouter bien d’autres « coups de gueule » concernant le Forum des Halles ou la reconversion des usines Renault à Boulogne-Billancourt. Après ce parcours, on découvre des projets réalisés, parmi lesquels l’Hôtel Saint-James à Bouliac (1987-89), le Centre de Culture et de Congrès de Lucerne (1990-99) ou le gazomètre reconverti en logements à Vienne (1994-2001) ainsi que des projets en cours : la Tour Dentsu à Tokyo (1998), le Musée Reina Sofia à Madrid (1999), le Musée des Sciences de Pittsburgh (2001) et bien évidemment le Musée des Arts premiers (1999) qui sortira prochainement de terre à Paris, quai Branly. De cette monographie prolixe il ressort que, malgré sa grande contemporanéité, Nouvel est assurément ancien.

- PARIS, Centre Georges Pompidou, 19, rue Beaubourg, tél. 01 44 72 12 33, 14 novembre-4 mars.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°533 du 1 février 2002, avec le titre suivant : Jean Nouvel, du concept au contexte

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