Gérard Garouste - Le Défi du soleil

Histoire d’œuvre - Le réveil des colosses

Par Pierre Pons · L'ŒIL

Le 18 avril 2013 - 424 mots

Par un petit matin de 1985, deux imposants colosses en bronze de plus de 4 m de haut prennent la direction du jardin du Palais-Royal.

Il est 5 h, Paris dort encore, laissant ses artères libres au convoi exceptionnel chargé de convoyer lesdits géants. Le premier est « Le Classique », le second « L’Indien ». L’un est le Soleil, l’autre la Terre. Tous deux forment les deux faces d’un même personnage, comme avant eux Apollon et Dyonisos, Don Quichotte et Sancho Panza. Le Défi du soleil, titre de cette sculpture monumentale composée de deux figures et de trente-deux pieux en bronze, a rendez-vous avec l’histoire, celle des grandes commandes publiques du début des années Mitterrand-Lang. Une histoire qui demeurera manquée puisque, ce jour-là, les grilles du Palais-Royal resteront fermées…
 
Pourquoi ? Le peintre et sculpteur Gérard Garouste est bien en peine de pouvoir l’expliquer, n’ayant jamais obtenu de réponse officielle du ministère de la Culture. C’est pourtant bien ce dernier qui lui avait commandé – et réglé ­–, par voie de commission, comme à Pol Bury et à Anne et Patrick Poirier, une œuvre monumentale pour le jardin parisien. Ce dernier aussi qui avait d’abord refusé le projet de Daniel Buren – ses fameuses « colonnes » – avant de finalement lui ouvrir ses grilles. Pour mieux les refermer au nez des « classiques », Garouste et Poirier ? « Cette décision a été politique, non esthétique, estime avec du recul Gérard Garouste. Le projet de départ devait au contraire prendre en compte les tendances de l’art en France au début des années 1980 : l’art conceptuel avec Buren, l’art abstrait avec Bury et la figuration avec moi et Anne et Patrick Poirier. » Mais le figuratif s’est incliné. Le Classique et L’Indien ont repris le chemin par lequel ils étaient arrivés pour être plongés dans un profond coma – « comme la Belle au bois dormant », raconte l’artiste – duquel ils sortent enfin aujourd’hui. Car, si Garouste eût un temps préféré la baie du Mont-Saint-Michel, Le Défi du soleil s’installe ce mois-ci dans le parc du Domaine national de Saint-Cloud où il est accueilli par une haie d’arbres centenaires. « Cet endroit m’attendait », finit par lâche Garouste, visiblement heureux et soulagé.

à savoir

Le Défi du soleil est installé dans une clairière du Domaine national de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), dont les jardins furent redessinés par Le Nôtre, près du bassin Saint-Jean.

à noter

L’œuvre monumentale sera inaugurée le 23 mai 2013 en présence d’Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°657 du 1 mai 2013, avec le titre suivant : Histoire d’œuvre - Le réveil des colosses

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