Hannah Darabi - Photographe

Les silences et les non-dits de ceux qui ont vécu les deux événements l’ont imprégnée. Hannah Darabi n’est pas une collectionneuse. Pourtant, quand elle commence à acheter à Téhéran des ouvrages de photographie ou de politique publiés entre 1979 et 1983, elle sait que cette collecte contient une quête de ce que ses livres d’école, mais aussi sa famille, ne lui ont ni raconté ni transmis de cette période. À Téhéran, la rue Enghelab, ou rue de la Révolution, est connue pour ses librairies de seconde main. C’est son travail photographique sur le paysage urbain de Téhéran qui l’a conduite à y rechercher des réponses à ces questionnements via l’achat de livres, à l’origine aujourd’hui de son exposition au Bal. « C’est l’arrivée en France dans le cadre de la poursuite de mes études supérieures en art qui m’a amenée à considérer le livre photo autrement qu’un catalogue d’exposition », précise-t-elle. La création de livres d’artistes est centrale dans son travail, en particulier depuis la coédition en 2012 avec Benoît Grimbert, son compagnon, d’Unreal City, portant sur le quartier de Berlin, qui inspira à Bowie l’album The Heroes. Autopublié à 30 exemplaires, l’ouvrage est rentré très vite dans des collections publiques ou privées comme chaque ouvrage qu’ils ont ensuite réalisé ensemble ou séparément. L’artiste formée à la reliure n’a d’ailleurs pas manqué de s’impliquer dans la création du livre de l’exposition, coédité par Le Bal et Spector Books.