Grèce - Royaume-Uni - Restitutions

Frises du Parthénon, les discussions s’intensifient

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 16 décembre 2022 - 480 mots

Le British Museum et des dirigeants grecs échangent depuis plusieurs mois au sujet d’un éventuel retour des marbres.

Copie de la frise conservée au British Museum, actuellement en place sur le Parthénon. © Tilemahos Efthimiadis, 2009, CC BY 2.0
Copie de la frise conservée au British Museum, actuellement en place sur le Parthénon.

Athènes. Gorges Osborn, le président du British Museum à Londres, s’est entretenu à plusieurs reprises depuis la fin l’année 2021 avec des dirigeants grecs, dont le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, au sujet du retour des frises du Parthénon sur le sol grec. L’information révélée par le journal grec Ta Nea a été confirmée par les deux parties. Le gouvernement britannique a aussitôt rappelé que le British Museum pouvait discuter avec qui il voulait, mais que la cession de ses collections relevait de l’exécutif et du Parlement britanniques. Quelques jours avant sa démission, la Première ministre britannique Liz Truss avait affirmé qu’elle n’était pas favorable au retour des frises. Si cette attitude en apparence ferme du gouvernement britannique est attendue dans ce type de négociations, le changement de position du British Museum attesté par ces discussions montre que la situation est en train d’évoluer.

Propriété et lieu d’exposition

Pour autant, rien n’est réglé et les modalités de retour doivent permettre aux deux parties de sauver la face. Il convient de distinguer la propriété des marbres de leur lieu d’exposition. Le Premier ministre grec a indiqué que la propriété des marbres était une ligne rouge, sous-entendu celle-ci revient à la Grèce. Pourtant, le prêt en début d’année 2022 pour une durée de huit ans au moins d’un fragment de la frise par l’Italie à la Grèce a bien été présenté comme un prêt et non comme un transfert ou une reconnaissance de propriété.

Le lieu d’exposition est plus facile à gérer. Symboliquement, les frises pourraient être exposées pendant plusieurs mois au Musée de l’Acropole à Athènes, où une place leur est réservée depuis 2009, et revenir pour certaines d’entre elles quelque temps au British accompagnées de pièces d’exception prêtées par la Grèce. Et sans attendre, celle-ci pourrait prêter au musée londonien quelques chefs-d’œuvre archéologiques, dont elle ne manque pas.

Le contexte est favorable. Le débat sur les restitutions ne cesse d’animer le monde des musées, les retours en Afrique ou en Amérique du Sud se multiplient et même les Britanniques (59 % des sondés), selon une enquête récente, pensent que les marbres appartiennent à la Grèce. Formé dans les meilleures universités américaines, Kyriakos Mitsotakis pousse son avantage et ne cesse d’appeler au retour des marbres lors de ses échanges avec les autorités britanniques.

Londres affirme que les sculptures ont été acquises légalement en 1802 par le diplomate britannique Lord Elgin tandis qu’Athènes explique qu’elles ont été pillées lorsque la Grèce était occupée par l’Empire ottoman. Si un arrangement doit être trouvé, il se produirait, ironie de l’histoire, alors que la Grande-Bretagne ne fait plus partie de l’Union européenne. Mais quel que soit l’accord, il devra être soigneusement habillé pour ne pas ouvrir la boîte de Pandore des restitutions entre la Grèce et les autres pays.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°601 du 16 décembre 2022, avec le titre suivant : Frises du Parthénon, les discussions s’intensifient

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque