De 45 à 82 % de visiteurs en moins en décembre

Expositions et musées en déroute

Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1996 - 785 mots

Les grèves des transports publics du mois de décembre se sont durement répercutées sur la fréquentation des musées et des expositions. Moitié moins de visiteurs au Musée du Louvre, au Centre Georges Pompidou et pour la rétrospective Cézanne (qui pourrait être prolongée), et jusqu’à 82 % d’entrées en moins pour l’ensemble des musées de la Ville de Paris et le Musée d’Orsay.

PARIS - La rétrospective Cézanne ne battra pas le record d’affluence établi par Toulouse-Lautrec, en 1992. Les mouvements de grève du mois de décembre ont porté un rude coup à la fréquentation de l’exposition, qui est passée d’une moyenne de 6 260 visiteurs1 par jour à 3 000 environ. Un chiffre difficile à apprécier cependant, dans la mesure où la moyenne de 5 221 visiteurs par jour, relevée au cours de la semaine du 4 décembre, comptabilise les billets vendus sans prendre en compte le grand nombre de personnes qui avaient réservé mais n’ont pu se rendre au Grand Palais. En semaine, l’accès était fermé à partir de 13h30, afin de permettre aux agents de surveillance de regagner leur domicile plus tôt, mais l’exposition renouait le samedi et le dimanche avec les sommets atteints avant les grèves, en accueillant les visiteurs jusqu’à 20h. Le manque à gagner peut être évalué à 3 millions de francs environ ; toutefois une prolongation de la rétrospective est envisagée.

Au Grand Palais toujours, "La Sérinde, terre de Bouddha" a accueilli au mois de décembre une moyenne de 316 visiteurs par jour, contre 1 145 pendant la semaine du 20 novembre, soit une baisse de 72 %.

Orsay sous le choc
D’une manière générale, toutes les exposition parisiennes ont vu leur fréquentation décroître dans une proportion comprise entre la moitié et les deux tiers, voire davantage.
Les musées nationaux ont également accusé le choc, notamment le Musée d’Orsay qui enregistre une diminution de sa fréquentation de l’ordre de 80 %. Entre le 24 novembre et le 10 décembre, les collections permanentes auront été fermées neuf jours au public. Ces fermetures à répétition, dues au manque de personnel de surveillance disponible, ont eu pour effet de faire chuter les entrées de  2 436, lors de la semaine du 28 novembre, à 495 le 10 décembre, qui plus est à tarif réduit (24 francs au lieu de 35).

"Les chefs-d’œuvre de la collection Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague" n’ont fermé que trois jours, mais la moyenne de 2 004 visiteurs relevée la semaine du 21 novembre s’est effondrée à 397, trois semaines plus tard. La fréquentation du musée avait déjà diminué de 41 % entre novembre 1994 et novembre 1995, passant de 100 877 visiteurs payants à 59 711. Cette tendance à la baisse, "due sans doute à la crainte des attentats et à au nombre important d’expositions d’envergure se tenant simultanément" , selon la Direction des Musées de France, est sensible dans tous les musées : par exemple, le château de Versailles a vu, en novembre, sa fréquentation décroître de 24 % par rapport au mois de novembre 1994, la baisse atteignant 46 % après la troisième semaine de grèves.

Moins 45 % au Louvre et à Beaubourg
Le Musée du Louvre a constaté une baisse de fréquentation de 45 %, passant d’une moyenne de 8 763 visiteurs par jour, à la fin du mois de novembre, à 4 835 en décembre. Celle-ci est encore plus sensible en termes de recettes, puisque le prix du billet d’entrée a été réduit de 45 à 20 francs durant trois semaines. Les portes du musée sont restées closes deux jours, en raison de mouvements de grève du personnel, et plusieurs salles ont dû être fermées les autres jours, en fonction de la disponibilité des agents de surveillance.

Au Centre Georges Pompidou, qui a fermé à 21h au lieu de 22h pendant trois semaines, la baisse est comparable à celle du Louvre : "Féminin-masculin" a vu son affluence moyenne passer de 3 000 à 1 500 visiteurs par jour, tandis que le Musée national d’art moderne n’en  accueillait que 1 200, au lieu de 2 000 au mois de novembre. Le Centre est resté ouvert au public tous les jours, et seul le personnel de la Bibliothèque d’information publique s’est mis en grève pendant une journée.
Quant aux  musées de la Ville de Paris, ils ont  enregistré une baisse –  considérable – de 82 %, leur fréquentation passant de 32 958 visiteurs la semaine du 17 novembre, à 5 927 celle du 7 décembre. Certaines collections permanentes ont dû être fermées au public, soit en totalité (Musée du Petit Palais, Carna­valet…, mais les expositions "À l’ombre du Vésuve" et "Robert Dois­neau" sont restées ouvertes), soit partiellement (Musée Bour­delle…).

 1 Les chiffres donnés recouvrent les entrées payantes

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°21 du 1 janvier 1996, avec le titre suivant : Expositions et musées en déroute

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