De l’art en containers

Art Basel fait encore preuve d’innovation

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 22 novembre 2002 - 801 mots

Riche de son expérience plus que trentenaire, Art Basel lance à Miami une nouvelle foire d’art moderne et contemporain. Les organisateurs, qui ont réussi à attirer en Floride la fine fleur des galeries internationale, entendent du 5 au 8 décembre transformer la cité balnéaire en capitale artistique mondiale.

La Foire de Bâle, l’une des plus anciennes du circuit international, doit son succès à la conjonction de plusieurs éléments : une organisation hors pair, un haut niveau des participants, sa tenue en Suisse, et à une date du mois de juin proche une année sur deux du vernissage de la Biennale de Venise. L’idée d’exporter le concept d’une foire considérée comme la meilleure du monde aux États-Unis, à Miami, semble à la fois ambitieuse et risquée. La Floride n’est pas la Suisse, malgré un vivier de collectionneurs qui se sont d’emblée impliqués dans l’aventure (lire l’encadré ci-dessous), et les frais occasionnés par la participation à une telle foire, notamment pour les galeries européennes, sont loin d’être négligeables. Conscients de ce problème, tout en souhaitant accueillir des marchands sans grands moyens, mais qui promeuvent l’art le plus avant-gardiste, les organisateurs ont lancé un concept original, celui de “Art Positions”. Ici, il ne s’agit ni plus ni moins que d’exposer dans une vingtaine de containers habituellement utilisés pour le transport maritime et réunis dans un curieux village situé à quelques minutes de marche du Miami Beach Convention Center où se déroule la foire. Ces “boîtes” ont été confiées à l’agence d’architecture bâloise Steinmann & Schmid, qui les a habillées de bois blanc pour les transformer en “white cubes”. Ces espaces bénéficient à la fois d’un éclairage naturel et de spots électriques, et chacun d’entre eux dispose d’une porte en plastique translucide. Enfin, nec plus ultra mais équipement indispensable sous le soleil de Floride, ces containers bénéficient d’une climatisation. Ces vingt espaces ont été confiés à autant de galeries, parmi lesquelles Air de Paris (Paris), Catherine Bastide (Bruxelles), Carlier Gebauer (Berlin), f a projects (Londres), Jack Hanley (San Francisco), Andrew Kreps (New York), Mizuma Art Gallery (Tokyo), Vendeta Gallery (Chicago) ou Fons Welters (Amsterdam).

Tout comme à Bâle, où ce secteur a été créé en 1996, Art Basel Miami Beach dispose également de ses “Statements”, qui regroupent pour cette première édition vingt et une expositions monographiques de jeunes artistes. Sélectionnés par un comité de onze galeristes parmi lesquels Ursula Krinzinger (Vienne), Lawrence Luhring (New York), ou David Juda (Londres), ces artistes sont cette année américains (cinq), britanniques (quatre), suisses, allemands ou japonais (deux pour chacune de ces dernières nationalités). Enfin, l’Italie, Israël, le Venezuela, le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Espagne bénéficient chacun d’un représentant . Le choix du comité s’est orienté vers des travaux qui explorent les champs de la politique, du social et de l’économie sans distinction de support, puisque l’on retrouve dans les “Statements” aussi bien des œuvres vidéo, des installations que des travaux multimédias. Enfin, le secteur sera également riche en peintures postmodernes, selon la terminologie employée dans les organisateurs. Ainsi, le Japonais Hiroshi Sugito (Nicole Klagsbrun, New York) propose un travail pictural qui paraît abstrait vu de loin, mais qui, en s’approchant, est composé d’une multitude de références aux dessins d’enfants. À côté des œuvres de Santiago Sierra (Peter Kilchmann, Zurich) et des références à la série télévisée “Dallas” développées par Candice Breitz (Francisca Kaufmann, Milan), le Suisse Costa Vece (Franco Noero, Turin) proposera de nouvelles pièces spécialement réalisées pour Art Basel Miami Beach.

L’aménagement intérieur du Miami Beach Convention Center a été confié à l’architecte et designer hollandais Tom Postma, qui a conçu différentes ambiances pour donner des points de repère aux visiteurs. Au fil des allés, les collectionneurs pourront ainsi découvrir les stands de la fine fleur des marchands d’art moderne et contemporain internationaux : Beyeler (Bâle), Deitch Projects (New York), Gagosian (New York/Beverly Hills/Londres), Barbara Gladstone (New York), Gmurzynska (Cologne/Zug), Marian Goodman (New York/Paris), Karsten Greve (Cologne/Milan/Paris/St. Moritz), Hauser & Wirth (Zurich), Jablonka (Cologne), Jay Jopling/White Cube (Londres), Annely Juda Fine Art (Londres), Krinzinger (Vienne), Jan Krugier Ditesheim (Genève), Yvon Lambert (Paris), Landau Fine Art (Montréal), Lelong (New York/Paris/Zurich), Lisson (Londres), Hans Mayer (Düsseldorf/Berlin), Metro Pictures (New York), Thaddaeus Ropac (Salzbourg/Paris), Waddington (Londres), David Zwirner (New York)...

Plus loin, les architectes new-yorkais de LO/TEK, Ada Tolla et Guiseppe Lignano, ont aménagé la rotonde de la bibliothèque publique de Miami Beach, dans Collins Park, pour accueillir le “Art Video Lounge”. Son programme, ainsi que celui du “Art Projects”, ont été imaginés par James E. Rondeau, qui travaille à l’Art Institut de Chicago.

Pour compléter ce riche ensemble, les institutions et les collectionneurs privés de la ville proposent durant toute la durée de la foire des visites, des performances, des réceptions et des soirées, afin que Miami soit, quelques jours durant, la capitale mondiale de l’art moderne et contemporain.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°159 du 22 novembre 2002, avec le titre suivant : De l’art en containers

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