Christie’s dispersera la collection de Sir John Pope-Hennessy

\"John détestait Sotheby’s\", explique le critique d’art Brian Sewell

Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1995 - 550 mots

L’abondante collection de tableaux, de dessins, de sculptures et d’art décoratif ayant appartenu à Sir John Pope-Hennessy, directeur estimé et redouté du Victoria & Albert Museum puis du British Museum, décédé en 1994, sera dispersée par Christie’s New York, au mois de janvier 1996.

NEW YORK (de notre correspondant) - Christie’s a choisi de disperser la collection de Sir John Pope-Hennessy à New York, la ville où "The Pope" (le Pape) a connu sa plus belle réussite, en terminant sa carrière comme directeur du département des Peintures européennes du Metropolitan Museum of Art. Après son départ du Metropolitan, en 1985, il s’était retiré à Florence, dans un appartement du Palais Canigiani, entouré des œuvres acquises au cours de sa vie.

Pour préparer son ouvrage sur Benvenuto Cellini, il s’était adjoint un assistant d’une trentaine d’années, Michael Mallon. Devenu l’héritier de Sir John à la mort de celui-ci, le 31 octobre 1994, Michael Mallon a décidé – selon Christie’s – de vendre la collection et de s’installer en France.

Contrairement à ce qui se passe habituellement à l’occasion de ventes de cette importance, Sotheby’s n’a apparemment pas été consultée. "John détestait Sotheby’s, explique son ami Brian Sewell. Sans doute a-t-il pris des dispositions testamentaires pour que son héritier, s’il devait vendre, le fasse par le biais de Christie’s."

L’autobiographie de Pope-Hennessy, qui décrit en détail son appartement de Florence, donne une bonne idée de ce qui figurera dans la vente : "Des œuvres, écrit-il, qui constituent l’épitomé de mon existence." Les pièces italiennes, du XIVe au XVIIe siècle, sont prédominantes. De la chambre, provient une Madonne en stuc de l’école d’Antonio Rosellino, un tondo d’une Madonne à l’enfant par un artiste anonyme lucquois du XVe siècle surnommé "le Stratonice", et une petite Vierge à l’enfant avec des saints de Ugolino da Siena, achetée par Sir John à la vente Florence Gould chez Sotheby’s, en 1985.

Dans les autres pièces de l’appartement, se trouvaient de nombreux tableaux et dessins de Francesco Vanni, une Madonne de Polidoro Lanziani, un buste en bronze de Saint Philippe Néri d’Alessandro Algardi, trouvé chez un prêteur sur gages de Kensington Church Street, le Mariage mystique de Sainte-Catherine de Carlo Dolci, et des toiles d’Albani et de Domenichino.

De ce dernier, Pope-Hennessy possédait une esquisse pour un retable ainsi qu’une œuvre beaucoup plus importante, une petite peinture sur cuivre du Christ portant la croix, qu’il avait achetée 38 livres lors de la vente de Bridgewater House, en 1946, avant de la revendre au musée J. Paul Getty, en 1983, pour 750 000 dollars.

Lors de cette même vente, il avait acheté une Vision de Saint François d’Annibale Carracci pour 28 livres, puis l’avait vendue à la National Gallery of Canada au milieu des années soixante-dix pour 100 000 livres. Il avait néanmoins conservé un troisième achat, un Baptême du Christ de Pier Francesco Mola, royalement acquis à l’époque pour 43 livres.

La collection compte également des céramiques et des bronzes orientaux, des aquarelles de famille, des majoliques, des gravures, des photographies de Cecil Beaton et de George Platt Lynes, etc. Même s’il s’avère moins riche que prévu, l’ensemble devrait attirer nombre d’amateurs, de spéculateurs et d’anciens associés qui tenteront de s’arracher les biens d’un expert connu pour déclarer sèchement que "les objets lui importaient plus que les gens".

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°16 du 1 juillet 1995, avec le titre suivant : Christie’s dispersera la collection de Sir John Pope-Hennessy

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