Automne lyonnais

La cité entre en résonance

Par Olivier Michelon · Le Journal des Arts

Le 12 septembre 2003 - 843 mots

Parallèlement aux expositions de la Biennale, “Résonance”? regroupe la programmation des différentes institutions culturelles, galeries et centres d’art de la région lyonnaise entre septembre 2003 et janvier 2004. L’occasion de souligner que la ville a vu fleurir, ces dernières années, quelques initiatives associatives dans le domaine, comme la BF 15 et la Salle de bains, deux lieux d’expositions aux politiques complémentaires et singulières.

Située sur la place des Terreaux, face au Musée des beaux-arts de Lyon et à côté de la mairie, la BF 15 se signale immédiatement par sa vitrine. Depuis son installation dans ces locaux municipaux, les artistes Botto et Bruno, Raphaël Boccanfuso, Jean-Daniel Berclaz, Rainier Lericolais et Jean-Christophe Massinon, ou plus récemment Mélik Ohanian et Olivier Grossetête, ont pris possession de cet espace aux allures d’échoppe au rez-de-chaussée et d’appartement bourgeois à l’étage. “La structure associative de la BF 15 existe depuis 1995, rappelle Claire Peillod, aujourd’hui sa directrice artistique. Mais nous ne sommes installés dans ce local mis à disposition par la Ville que depuis la fin de l’année 2000.” Financée par l’État et la Région, la BF 15 se consacre à la création émergente selon une programmation impulsée par sa situation. “Nous pensons toujours les projets de manière spécifique, la vitrine nous donne une ouverture sur la ville et notre travail se situe en partie sur l’espace public, explique Claire Peillod. Je parle là bien sûr de l’espace physique, architectural, mais aussi d’un ordre plus symbolique.” Ainsi, l’an passé, la Traumathèque pour la ville de Lyon de Christophe Berdaguer et Marie Péjus, installation semi-fonctionnelle, promettait à ses visiteurs de transférer leur traumatisme sur une bande-vidéo. À côté de huit expositions en moyenne par an, la structure assure également une activité “hors les murs”, entre résidences d’artistes (Patrick Corillon l’an prochain) et projections vidéo dans les vitrines des commerçants. Un essor qui, jusqu’au 11 octobre, prend la voie des airs. À l’initiative de Yann Toma, la BF 15 se transforme en aéroport pour pigeon voyageur. Une nouvelle fonction qui, le 17 septembre, culminera avec un lâcher de 1 000 oiseaux.
Autre lieu à inscrire ses activités de la rentrée dans le cadre de “Résonance” – intitulé regroupant nombre des manifestations lyonnaises simultanées à la Biennale (lire l’encadré) –, la Salle de bains a, elle, ouvert ses portes en 1999, “une époque où la BF 15 était fermée, et dans une période de creux par rapport au faste des années 1980”, note Olivier Vadrot. Architecte de formation comme Lionel Mazelaygue et Gwenaël Morin, les deux autres acteurs de cette aventure, l’intéressé pointe “le dialogue avec les artistes” comme déterminant dans le format de la Salle de bains : un espace de 30 m2 donnant sur la cour fermée d’un immeuble du vieux Lyon et dans lequel chaque année cinq artistes sont invités à produire une pièce spécifique. Bénéficiant d’un budget croisé (ministère de la Culture, Région et Ville), la structure dispose d’environ 3 000 euros pour la réalisation de chaque œuvre. Lilian Bourgeat, Xavier Veilhan, Didier Marcel, Thomas Hirschhorn, Delphine Coindet, Matthew McCaslin ou Élisabeth Ballet ont compté ces trois dernières années parmi les occupants de la Salle de bains. Une ligne qui, sans rompre avec la jeune création, ne s’interdit pas de faire appel à des artistes plus reconnus. “Nous refusons le terme de ‘galerie associative’, auquel nous préférons celui d’association tout court, explique Olivier Vadrot. Ne pas être des ‘professionnels’ n’empêche pas de mener une activité le mieux possible. En tant qu’association, nous ne sommes pas là nécessairement pour promouvoir ou illustrer un discours alternatif. Nos choix se portent sur des artistes avec lesquels nous voulons collaborer. Cela répond aussi à des lacunes. Claude Lévêque n’avait jamais eu d’exposition à Lyon.” En 2002, ce dernier avait en effet “mis en bière” le studio en y empilant des caisses en plastique rouge de Kronenbourg. Revendiquée, l’orientation “subjective” de la Salle de bains devrait dans un futur proche l’amener à déménager du local actuellement mis à disposition par l’OPAC. “L’objectif était d’arriver à une quinzaine d’expositions et nous y sommes, justifie Olivier Vadrot. Un nouveau lieu serait le bienvenu. Pour les artistes, celui que nous occupons aujourd’hui commence à produire une certaine persistance rétinienne.”

Des échos plus ou moins lointains

Choisissant la rentrée pour son inauguration, la Biennale de Lyon a aussi souhaité fédérer les manifestations de la région, qui n’ont pas hésité à croiser leurs champs habituels avec celui des arts plastiques. Ainsi, la Maison de la danse (www.maisondeladanse.com) propose les 21, 22 et 23 octobre trois pièces de Stephen Petronio dont The Island of Misfit Toys, réalisée en collaboration avec Cindy Sherman, suivie du 29 novembre au 7 décembre de 4 por 4 de Deborah Colker, avec des interventions de Victor Arruda, Gringo Gardia, Chelpa Ferro et Cildo Meireles. De manière plus traditionnelle, les galeries de la ville accueillent des artistes, ainsi Saverio Lucariello chez Domi Nostrae (tél. 04 78 95 48 67), ou Jeanne Susplugas et Emmanuelle Villard chez Olivier Houg (tél. 04 78 42 98 50). - RÉSONANCE, de septembre 2003 à janvier 2004, divers lieux, Lyon

- INGRID LUCHE ET AGNÈS MARTEL, SUPERNATUREL, La Salle de bains, du 16 septembre au 15 novembre, 56 rue Saint-Jean, 69005 Lyon, tél. 04 78 38 32 33, tlj 14h-19h, www.lasalledebains.net - YANN THOMA, BF 15 AIRPORT, du 12 septembre au 11 octobre, La BF 15, 5 place des Terreaux, 69001 Lyon, tél. 04 78 28 66 63, tlj sauf lundi et dimanche 14h-19h, www.labf15.org

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°176 du 12 septembre 2003, avec le titre suivant : Automne lyonnais

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