« Au pied du mur »

Par Hélène Brunel · Le Journal des Arts

Le 10 avril 2012 - 512 mots

Une dette élevée a été constatée judiciairement le 23 mars au passif de la SVO-Musée du Luxembourg.

PARIS - Le 23 mars 2012, dans un jugement assorti de l’exécution provisoire, le tribunal de commerce de Paris a reconnu l’existence d’une dette de plusieurs centaines de milliers d’euros au passif de la SVO-Musée du Luxembourg, cette société qui fut chargée dans les années 2000 de la logistique des expositions au musée du Sénat. La titulaire de la créance correspondante n’est autre que Patrizia Nitti, l’ex-programmatrice et coproductrice de ces expositions, laquelle avait été appelée en 1999 par le président du Sénat, Christian Poncelet, puis congédiée par son bureau en 2008. Ses différends financiers avec l’intendant des expositions, Sylvestre Verger, lui avaient alors été reprochés. Aujourd’hui, il semblerait que les résultats des expositions « Titien » (2006-2007) et « Arcimboldo » (2007-2008) aient en fait été minorés par ce dernier, afin de ne pas rétribuer Patrizia Nitti et de l’évincer.

« Jean-Pierre Bel est au pied du mur », nous a, depuis, confié l’ancien conseiller de Christian Poncelet, Yves Marek, au sujet de l’actuel président du Sénat. Pour celui qui avait à l’époque tenté de mettre en garde le cabinet de Poncelet, avant de se voir lui-même démis de ses fonctions, « tout cela prend bien le chemin d’une débâcle judiciaire honteuse pour le Sénat ». Puisque, selon lui, ce jugement conforte la plainte déposée au pénal par Patrizia Nitti, dans laquelle certains hauts responsables sont accusés de trafic d’influence. « Le jugement du tribunal de commerce donne à Patrizia Nitti une victoire totale, contre la SVO et contre le Sénat surtout. Car Patrizia Nitti et moi n’avons cessé d’alerter le Sénat, qui a toujours refusé de regarder les comptes de la SVO et l’a défendue jusqu’au bout. »

Désaccords comptables
Pour chacune des expositions, Patrizia Nitti et Sylvestre Verger organisaient leur collaboration à travers la formation d’une société en participation, dont la gérance était assurée par la SVO-Musée du Luxembourg. Mais des désaccords comptables concernant le partage des bénéfices sont rapidement survenus entre les associés. Ce qui a conduit à l’ouverture d’une procédure et à la désignation d’experts. C’est ainsi que le tribunal de commerce se retrouve à examiner les charges et produits des deux sociétés créées pour les expositions « Titien » et « Arcimboldo », afin de fixer la créance de la société de Patrizia Nitti. Contrairement à ce que soutenait la SVO-Musée du Luxembourg, il ne s’agit pas de dizaines de milliers d’euros déjà acquittés, mais de centaines de milliers d’euros encore impayés. Des intérêts sont même dus, sauf que le débiteur a entre-temps fait faillite. Le contentieux pénal, visant à faire condamner certains membres du Sénat pour fautes personnelles, prend dès lors tout son sens. « La question de la confusion des patrimoines entre les différentes entités contrôlées par Sylvestre Verger se pose de façon aigue. Par ailleurs, s’agissant des infractions financières examinées par le juge d’instruction, nous pensons que les prochaines auditions permettront d’identifier toutes les responsabilités », nous a indiqué Me William Bourdon, le défenseur de Patrizia Nitti.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°367 du 13 avril 2012, avec le titre suivant : « Au pied du mur »

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