Art is Noisy

Un nouveau centre d’art en banlieue

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 19 mars 1999 - 529 mots

Hors des galeries et de quelques rares espaces, les jeunes artistes ont peu d’endroit pour montrer leur travail à Paris. La banlieue a donc décidé de palier ce manque en se dotant de lieux à la programmation souvent dynamique. Dans ce contexte, la ville de Noisy-le-Sec (36 000 habitants), en Seine-Saint-Denis, ouvre le 20 mars un nouvel espace municipal consacré à l’art contemporain : la Galerie.

NOISY-LE-SEC - La Seconde Guerre mondiale n’a pas épargné Noisy-le-Sec, important nœud ferroviaire du nord-est parisien, à neuf kilomètres de la gare de l’Est. Seul rescapé de son quartier après les bombardements intensifs, un hôtel particulier de style éclectique, construit à la fin du XIXe siècle, est cerné aujourd’hui par des barres HLM élevées sans grande imagination dans les années soixante et soixante-dix. Cette villa bourgeoise, bâtie pour un notaire avant d’entrer dans le patrimoine municipal, accueille dorénavant la Galerie, le centre municipal d’art contemporain. Elle est intégrée dans un vaste pôle culturel comprenant notamment une médiathèque déjà achevée et une salle de spectacle prévue pour 2000, l’ensemble du projet étant piloté par l’architecte parisien Yann Brunel. Ce dernier a ainsi restauré de fond en comble l’hôtel particulier, aménageant dans cet intérieur où plafonds à caissons, escalier monumental et dessus de portes sont empreints d’une légèreté toute germanique, quatre salles d’exposition au rez-de-chaussée, totalisant 216 m2. Trois de ces pièces sont en enfilade, articulées par un espace délimité par de lourds piliers en béton qui empêchent de profiter pleinement de la succession des salles. Des poutres en béton auraient peut-être constitué une solution plus heureuse. De même, plusieurs ouvertures ont été bouchées par des cimaises, aveuglant complètement certains espaces. À vrai dire, l’aménagement intérieur a été entrepris bien avant que la directrice de la structure, Hélène Chouteau, ne soit recrutée, puisqu’elle n’a pris officiellement ses fonctions qu’en octobre 1998. Il semble qu’il soit toujours difficile, pour ce type de projet, de permettre en amont un véritable dialogue entre professionnels de l’art et architectes.

La Galerie, envisagée un moment comme lieu de diffusion spécialisé dans les nouvelles technologies, en liaison avec le Métafort d’Aubervilliers, proposera des expositions personnelles et collective d’art contemporain, sans exclusive. La programmation débute avec les travaux de Michel Aubry (20 mars-7 mai), avant d’accueillir de nouvelles photographies de Jean-Luc Moulène (mai-juillet), une exposition collective de jeunes artistes (septembre), puis de l’atelier des enfants du Centre Georges Pompidou conçu par Miguel Navarro (octobre), et enfin des sculptures et installations de Bernhard Rüdiger (novembre-décembre). Soutenu par la Ville de Noisy-le-Sec, le ministère de la Culture (Direction régionale des Affaires culturelles d’Île-de-France) et le Conseil général de la Seine-Saint-Denis, le centre d’art bénéficie d’un budget annuel de 400 000 francs, hors salaires, téléphone ou courrier directement pris en charge par la commune. Cette somme ne permettra pas, pour l’instant, d’éditer des catalogues ou d’inviter des artistes vivant aux États-Unis, par exemple. La directrice espère néanmoins pouvoir bénéficier prochainement d’un atelier d’artistes qui pourrait ponctuellement accueillir les créateurs.

À côté de conférences, de projections de films, de tables rondes à l’initiative des artistes, la Galerie développera également un programme éducatif pour le jeune public. Un élément essentiel dans le contexte qui est le sien.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°79 du 19 mars 1999, avec le titre suivant : Art is Noisy

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