Lascaux : une étude démontre que l’apparition de champignons était due au traitement d’un autre champignon

Par Chloé Da Fonseca · lejournaldesarts.fr

Le 16 avril 2012 - 447 mots

MONTIGNAC [16.04.12] – Selon une étude franco-espagnole menée de 2009 à 2011, l’utilisation de fongicides pour lutter contre le développement de champignons blancs sur les parois de la grotte de Lascaux a favorisé la multiplication de champignons noirs. PAR CHLOÉ DA FONSECA

Claude Alabouvette, micro-biologiste à l’Institut national de recherche agronomique de Dijon, et Cesareo Saiz Jimenez, micro-biologiste au Conseil espagnol pour la recherche scientifique à Séville, ont publié début avril 2012 les résultats des études qu’ils ont menées dans la grotte de Lascaux. Cette étude portait sur l’essor de champignons inconnus, responsables de vastes taches noires sur les parois de la grotte.

Baptisés « ochroconis lascauxensis » et « anomala », ces champignons noirs ont pu se développer grâce à un traitement fongicide destiné à éliminer d’autres champignons, blancs, appelés « fusarium solani ». Un paradoxe que Claude Alabouvette explique : si le traitement employé de 2001 à 2003 pour lutter contre les champignons blancs a été efficace, ce même produit, constitué d’azote et de carbone, a favorisé la présence de deux autres espèces dont le mécanisme de développement est différent. « Ces taches noires existaient déjà, mais on ne les voyait pas ; elles n’étaient pas le problème » précise le chercheur à SudOuest.fr.

Détectées en 2007, les taches noires ont été traitées en urgence par le laboratoire de recherche des Monuments historiques. Le « Devor mousse », un produit du grand commerce, utilisé pour lutter contre les champignons noirs n’aurait fait qu’aggraver la contamination. « Vouloir stériliser une grotte, c’est débile » s’exclame Claude Alabouvette (AFP). Si la préservation de la grotte est un défi permanent pour le Conseil scientifique de Lascaux, il ne faut pas oublier que les micro-organismes présents dans ses cavités s’autorégulent depuis 18 000 ans, et que ce n’est que la présence technologique de l’homme qui contrarie l’écosystème.

En effet, les champignons blancs étaient apparus quelques semaines après que le système d’aération (datant des années 1960) ait été enlevé pour installer une climatisation. Dans une interview pour FranceTV , Claude Alabouvette précise que « ce qui est important, c’est de considérer la totalité des micro-organismes qui habitent la grotte et de ne pas se focaliser sur un seul. Parce que quand vous essayez de tuer un seul des micro-organismes, vous avez toutes les chances d’en favoriser d’autres et c’est exactement ce qui s’est passé ».

Il ajoute qu’ « il faut laisser cet ensemble de communautés microbiennes se contrôler elles-même ». Aujourd’hui, la situation s’est stabilisée dans la grotte de Lascaux depuis l’arrêt des traitements. Il semble que la « voie écologique » soit le meilleur remède et que « le moins on interviendra […] le mieux ça vaudra ».

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Grottes de Lascaux - © Photo : Peter80 - 2000 - Licence CC BY-SA 3.0 

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