Le débat de l’Adami sur le programme culturel des candidats à la présidentielle

Par Chloé Da Fonseca · lejournaldesarts.fr

Le 27 février 2012 - 662 mots

PARIS [27.02.12] – Mercredi 22 février 2012, la Gaîté-Lyrique accueillait des représentants des candidats aux élections présidentielles. Dans « Si j’étais président : les programmes culture/numérique des candidats », l’Adami, organisme de gestion des droits de propriété intellectuelle, invitait les représentants politiques à s’exprimer et débattre autour des grands thèmes culturels de la campagne présidentielle.

Aurélie Filippetti (Parti Socialiste), Franck Riester (UMP), Arnaud Dassier (MoDem), Alain Hayot (Front de gauche) et Hervé Pérard (Europe Écologie Les Verts) ont débattu dans la soirée du mercredi 22 février 2012 du programme « culture et numérique » des candidats aux présidentielles.

« Les inégalités d’accès à la culture sont parmi les plus injustes qui soient », Aurélie Filippetti commence par développer sa vision du rôle de l’État, qui est de « permettre au citoyen de se former à la culture, indépendamment des moyens de sa famille ». Alain Hayot confirme que la culture est un bien commun à tous et que l’État se doit de garantir la liberté de création et de circulation des œuvres. Pour améliorer la politique culturelle, Hervé Pérard mise sur sa décentralisation pour une meilleure proximité entre le public et les acteurs de la filière. La nécessité de démocratiser la culture semble mettre tous les partis politiques de concert.

Cependant, le Front de gauche met en garde sur « l’urgence de la refondation de l’intervention de la puissance publique ». Selon EELV, le monde de la culture est comparable à un « écosystème fragile » qui nécessite « une réelle concertation entre les différents acteurs ». Arnaud Dassier réaffirme cette importance de l’ « équité entre les différents acteurs de ce secteur », qui aurait besoin toutefois d’être simplifié. Franck Riester s’est gardé de dévoiler les futures propositions de Nicolas Sarkozy.

Le sujet principal durant le débat était bien sûr la controverse sur l’Hadopi ; faut-il la supprimer ou la modifier ? Selon Aurélie Filippetti, cette mesure ne rapporte rien aux auteurs et coûte de l’argent à l’Etat, « on supprime l’Hadopi qui ne sert à rien et dont on nous répète qu’elle est pédagogique ». « Le numérique est une révolution technologique mais aussi anthropologique », estime Alain Hayot, les pouvoirs publics doivent à la fois l’assumer et le valoriser. Pour Hervé Pérard, « l’échange [numérique] suscite un intérêt pour l’œuvre, qui bénéficie à son tour à l’artiste ».

Tous les partis politiques s’entendent sur la nécessité d’encourager de façon massive le téléchargement légal. Mais EELV ne souhaite pas interdire l’échange « non-marchand » (l’échange de films ou de musique entre particuliers), préférant mettre à contribution les internautes : une redevance web de 5 euros par mois permettant de tout télécharger pourrait apporter 1 à 1,3 milliard d’euros au budget de l’État. Le Front de gauche semble vouloir adopter une mesure similaire avec une indexation sur les revenus ; le MoDem, d’accord sur le principe, tempère toutefois qu’ « il ne faut pas taxer plus qu’on ne l’est maintenant ».

Le Front de gauche, comme le PS, souhaiterait également imposer une taxe aux fournisseurs d’accès à Internet, mais aussi aux « géants du web », tels que Google et Amazon. Aurélie Filippetti estime qu’il faut « les mettre à contribution pour le transit d’œuvres culturelles » et « les intéresser au financement de la création elle-même ». Représentant l’UMP, Franck Riester défend le président qui « agit depuis des années et se bat pour la défense du droit d’auteur et contre le téléchargement illégal, car sans cela on ne pourra pas mettre en place une offre légale qui tient la route ».

Cependant, d’après HuffingtonPost.fr, « le grand flou de ce débat », dont le grand absent était le Front national, a montré que les programmes culturels des candidats aux élections présidentielles en étaient encore au « stade de la réflexion ». Les représentants politiques n’ont ainsi pas évoqué la culture et le numérique à l’échelle européenne, ni la question budgétaire (entre autres la répartition des taxes proposées). Un résumé minute par minute est retranscrit sur ElectronLibre.

Légende photo

Façade de la Gaîté Lyrique, détail - © photo Wikimedia Commons / Mu - 2011 - Licence CC BY-SA 3.0 

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque